Brésil
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Mardi 8 avril 2003

 

Lever matinal à 6h00. Nous ne sacrifions pas le buffet du petit déjeuner qui est déjà ouvert. Nous devons nous rendre pour 8h00 à l’aéroport de Santos Dumont, qui se trouve en plein centre. J’avais décidé de nous y rendre en métro, par la station la plus proche, puis de marcher jusqu’à l’aéroport. C’est ce que nous allons faire. Certes, cela économise une course en taxi mais le parcours entre la station de métro et l’aéroport, sans être vraiment long, est fastidieux, avec de nombreuses artères très chargées en véhicules à traverser. On peut tout de même dire que l’aéroport est au coeur de la ville, c’est vraiment pratique. Les pistes se trouvent sur une bande de terre sans doute artificielle en partie, dans la baie. Les avions, même s’ils atterrissent et décollent tout près du centre ville, ne survolent pas les immeubles, ce qui réduit un peu les nuisances. L’enregistrement est rapide, on a presque l’impression de se trouver dans une gare : ici, tout le monde semble prendre l’avion comme nous le train. Le nombre de vols est considérable, cela décolle presque toutes les 5 minutes, la majorité des avions allant à Sao paulo. Nous rejoignons notre avion à pied : il s’agit d’un vol Varig, donc en partage de code avec la TAM, qui nous a vendu les billets. 

 

Il fait assez beau ce matin, j’admire au décollage la magnifique vue qui s’offre à moi sur la ville et la baie. Le vol se passe sans encombre, et est pour moi l’occasion d’une réflexion sur la poursuite immédiate de notre périple. Il est pour l’instant prévu de passer la nuit à Brasilia et de revenir le lendemain midi à Rio. Cette perspective ne me comble pas totalement au fond de moi. C’est alors que me vient l’idée lumineuse de faire un vol sur Sao Paulo demain matin, et de rentrer tardivement à Rio le soir. Sao Paulo n’est pas une étapes absolument recommandée par les guides, mais j’aime les villes (et il s’agit de la troisième du monde, après Mexico et Tokyo), et il y a un superbe musée à voir, le meilleur d’Amérique latine. J’émets donc ma proposition à Sibylle, qui lève les yeux au ciel, mais armée mentalement par rapport à ce genre d’excentricité qui m’est assez caractéristique… Bien sûr, tout ceci est conditionné aux disponibilités de billets et aux prix, et à ce sujet, je ne me fais tout de même pas trop d’illusion.

 

Lorsque nous approchons de Brasilia, je peux voir le plan de la ville en forme d’ailes d’avion, si caractéristique, dessiné par Lucio Costa, urbaniste Brésilien. Je visualise même notre hôtel, à quelques kilomètres du centre, près du palais présidentiel. Débarquement rapide dans cet aéroport conçu par Niemeyer, comme tant de bâtiments ici. Nous retirons de l’argent à un DAB et nous rendons aux guichets de la TAM. Parmi les employées, une seule parle l’anglais. Je lui explique mon désir de changement d’itinéraire. Elle tapote sur son ordinateur et tout est ok ! prix, horaires, disponibilités ; tout nous convient, génial ! Nous échangeons donc nos billets et prenons un taxi pour le centre. Pas question de perdre du temps avec d’éventuels transports en commun, nous n’avons que la journée pour visiter et il est déjà 10h30 passé. 

 

Il faut une petite demi-heure pour rejoindre l’hôtel : on passe d’abord dans le quartier des ambassades, puis on longe de loin le centre, avec les bâtiments caractéristiques de Brasilia, que je suis impatient de découvrir, puis atteignons enfin notre hôtel. Le parcours le plus cher en taxi ; environ 15 euros, ce qui n’est vraiment pas ruineux. Nous discutons un peu avec le chauffeur, qui connaît quelques mots d’anglais. Nous lui parlons de Lula, le nouveau président depuis quelques mois, et surtout le premier de gauche dans l’histoire du Brésil. Il nous sort très fièrement une photographie de lui avec Lula à ses côté, il doit la présenter à une grande partie de ses clients. Il est visiblement très heureux, comme beaucoup de brésiliens, de ce changement politique important. Lula arrivera-t-il cependant, à satisfaire les espoirs que son élection a suscités ? Le Brésil semble se débattre dans une profonde crise économique. Ce n’est pas un pays pauvre mais les inégalités sont tout de même flagrantes.

 

J’en arrive ici à notre hôtel : le Blue Tree Park Hotel. Je l’avais réservé, comme les autres, sur internet. Il s’agit d’un hôtel très récent, terminé en 2000, et constitué de deux parties ; une en quatre étoiles et l’autre en cinq étoiles. Pour une différence de prix de 20 dollars (87 dollars au total), et pour se faire plaisir, j’avais choisi la catégorie la meilleure. Et nous ne fûmes pas déçus : L’endroit est magnifique. Architecture contemporaine et intérieur design. Le lobby est un hall qui monte jusqu’au toit, en partie vitré, avec une énorme structure en acier faisant office de sculpture suspendue. Les couloirs d’accès aux chambres sont des coursives ondulantes, et les chambres, spacieuses, sont décorées avec goût, avec, là aussi, du mobilier au design soigné. Une grande piscine se trouve entre les deux barres du U que forme l’hôtel, et la partie ouverte donne sur le lac artificiel.

Ici, bien sûr, le look des clients est plus « costume » et « tenue de soirée » que bermuda et tee shirt ; c’est normal, nous sommes sans doute dans l’un des plus beaux hôtels de la capitale de ce grand pays, à quelques dizaines de mètres de la résidence du président : hommes politiques ou d’affaires influents doivent prendre leurs quartiers ici. Nous déposons nos sacs, ou plutôt on nous amène nos  sacs de voyage (ce n’est pas du Louis Vuitton…) dans la chambre et nous décidons de partir rapidement à la découverte de la ville. On commande la navette de l’hôtel qui va nous amener en quelques minutes au centre.

 

Et là, bien sûr, c’est l’émoi total, le frisson de joie : nous sommes devant le palacio do Congresso, le bâtiment sans doute le plus connu de Brasilia, avec les deux tours jumelles, et les deux coupoles inversées. Derrière nous, l’immense esplanade de l’axe monumental, avec de chaque côté, alignés comme des boîtes, les immeubles des ministères, et de l’autre côté, l’immense pylône, sur lequel flotte le drapeau brésilien. Pour moi, me retrouver ici, c’est une aussi grande joie que celle ressentie devant les pyramides ou devant le Taj Mahal. Cela fait partie de mes endroits mythiques, des étapes de voyages qui me marquent profondément.

 

 

Le palais du congrès

 

A côté du palais du congrès, un magnifique bâtiment, de Niemeyer également, le palais Itamaraty, qui est le ministère des affaires étrangères. Nous le visiterons plus tard. Après s’être imprégné de cette fabuleuse perspective, nous décidons de remonter toute l’esplanade des ministères, à pied, en suivant une des deux grandes artères qui longent de chaque côté le terre-plein. Première constatation, les immeubles, tous identiques et totalement alignés, construits fin des années 50, ont mal vieilli et mériteraient d’être ravalés. Ensuite, il est amusant de voir, dans ce grand projet urbanistique, que la vie quotidienne reprend vite le dessus : de nombreuses petites échoppes permettent aux employés de se restaurer. Enfin, nous découvrons que cette ville, tout du moins son centre, n’est pas faite pour les piétons. Cela va même parfois jusqu’à l’absurde, puisque des chemins sont dessinés sur les pelouses et aboutissent sur les voies rapides, sans passage piéton pour les prolonger : la traversée est d’ailleurs un exercice fort périlleux…

Nous nous arrêtons à la cathédrale, autre bâtiment symbolique de Brasilia, avec sa forme si particulière, conique, qui s’évase en son sommet. L’intérieur est tout en vitrail (de plastique parait-il), c’est une boîte de lumière. Enfin, nous atteignons l’intersection du fuselage et des ailes : la ville de Brasilia a en effet un plan caractéristique en forme d’avion. C’est dans le cockpit que se trouvent les bâtiments publics et dans les ailes les quartiers d’habitation. A l’intersection, donc, se trouve, avec la gare des bus de ville et des centres commerciaux. Nous nous y engouffrons, pour nous rafraîchir, et surtout déjeuner, car il est déjà 14h00 et nous n’avons rien mangé depuis notre avion.

La cathédrale de Brasilia

Beaucoup de monde se retrouve ici, dans les étages du centre commercial, sans doute parce qu’il y a peu d’endroits plaisants et sociaux dans cette ville. Nous déjeunons dans un des nombreux restaurants qui servent la nourriture au poids, le rush de midi étant passé, nous n’avons aucune difficulté à nous asseoir. Après un peu de lèche vitrine, nous ressortons de cet endroit climatisé, pour affronter de nouveau la chaleur. Nous avons par contre beaucoup de difficultés à nous diriger vers la queue de l’avion, où se trouve la tour de télévision, qui sera un bon point de vue sur l’ensemble de la ville : il n’est pas facile de traverser les nombreuses voies rapides qui s’entrecroisent en cet endroit.

 

Enfin, nous atteignons la tour de télévision, assez laide, mais qui va nous donner une belle perspective sur la ville. En face de nous, l’axe monumental et ses bâtiments caractéristiques, et de chaque coté, des immeubles sans grand charme, habitations, hôtels, bureaux. 

 

 

Vue générale sur l'axe monumental, depuis la tour de télévision

 

De notre perchoir, nous voyons également le ciel s’obscurcir, avec de gros nuages noirs qui roulent à l’horizon ; la pluie n’est pas loin. Nous descendons de la tour et rejoignons comme nous le pouvons le quartier le plus proche, obligé pour cela de traverser dangereusement la voie expresse qui court le long de l’axe monumental : il n’y a même pas un passage piéton aménagé… C’est en courant que nous atteignons un centre commercial, une pluie battante s’étend mise à tomber sur nous. Nous y resterons une bonne demi-heure, le temps que l’orage passe. Question de nous reposer un peu aussi après déjà pas mal de marche. Nous reprenons notre chemin pour atteindre le Santuario Dom Bosco, tout proche. Il s’agit d’une église dont la caractéristique est d’être une cage de verre bleuté. La luminosité et la teinte varient, paraît –il, en fonction de l’heure et de l’ensoleillement. Le bâtiment est à ne pas manquer.

 

L’heure avance est il est temps de repartir vers le Congrès pour profiter une dernière fois de ces magnifiques bâtiments. Trop éloigné pour y retourner à pied, nous hélons un taxi qui nous y emmène en quelques minutes. Il nous dépose devant le palacio Itamaraty, la résidence du ministre des affaires étrangères. Il est bientôt 17h00 et il reste une visite programmée. Nous sommes seuls et une très jolie Brésilienne, en tailleur strict, va nous guider, en anglais, à l’intérieur de ce magnifique bâtiment, sans doute le plus réussi de tout Brasilia. D’extérieur, il se reflète élégamment dans le plan d’eau qui l’entoure. L’intérieur est très ouvert et lumineux, avec un jardin exotique autour d’un bassin et des terrasses aménagées à l’étage. Constitué de pièces de réception, de salles à manger, de halls, des œuvres d’art y sont partout installées, mêlant les styles et les époques : objets coloniaux et art contemporain. Tout ceci est d’un très grand goût et cette visite est un magnifique moment.

 

Nous rejoignons enfin la place des trois pouvoirs, juste devant le palais du Congrès, depuis laquelle nous avons en perspective plusieurs autres bâtiments de Niemeyer : Le Palacio do Planalto, siège de l’exécutif, le tribunal suprême fédéral et  le Panteao da Liberdade, mémorial beaucoup plus récent, puisque datant de 1986. Là aussi, j’éprouve quelque chose de fort. Je ne me lasse pas d’admirer et de photographier les bâtiments, cherchant les angles les moins conventionnels. J’ai beaucoup de mal à quitter cette place, dont ma curiosité pour l’architecture m’avait déjà fait déjà retenir quelques éléments.

 

Nous trouvons un taxi pour nous ramener à notre hôtel. La visite de Brasilia est terminée. J’ai vu l’essentiel de ce qui m’intéressait et je suis profondément heureux de cela. Quelle conclusion (un peu précoce et rapidement établie, je sais) puis-je apporter par rapport à ma propre perception sur cette ville ? Sa construction, en quatre ans, de 1956 à 1960, a été une prouesse incroyable. Elle est l’illustration de ce que peut être la force d’une volonté politique à l’échelle d’une nation. J’ai le sentiment que cette force n’était pas démagogique et que cette expérience unique a sans doute permis au Brésil de progresser dans son unité et dans sa reconnaissance internationale. Rappelons que l’existence de Brasilia tient en trois noms : Juscelino Kubitscheck, le politique, Lucio Costa, l’urbaniste et Oscar Niemeyer, l’architecte. Le peu de temps laissé à la réalisation du projet a sans doute été cause d’erreurs. Le plan de la ville, dû à Costa, ne laisse pas beaucoup de place à l’homme. C’est une ville dédiée aux transports motorisés, à la voiture. En cela, elle est déjà dépassée. Il suffit d’avoir voulu s’y promener une journée pour voir combien elle était désagréable sur ce point. Du point de vue strictement architectural, le résultat est aussi mitigé : quelques bâtiments phare sont des réalisations marquantes, emblématiques de la 2ème moitié du 20ème siècle. Beaucoup d’immeubles, à la destination moins noble (habitations, bureaux, hôtels) sont très communs, sans intérêt, de qualité médiocre. Mais je reste fasciné par l’idée, la volonté, le résultat. Brasilia peut être décriée, mais elle est unique et ne laisse pas insensible. Maintenant, la ville vit sa vie, elle continue de grandir, largement plus que prévu, débordant du plan d’origine, enfreignant les règles urbanistiques initiales : mais cela est normal, c’est dans l’ordre des choses. La ville se formate aux nouvelles populations, aux nouveaux besoins, aux nouvelles règles.

 

 

Le taxi qui nous dépose devant notre hôtel cinq étoiles n’est vraiment pas reluisant : une espèce de vieille japonaise bringuebalante, deux portes uniquement (c’est bien la première fois que je vois cela sur un taxi accrédité !). Le chauffeur semble ne pas voir grand chose derrière ses lunettes quadruple foyer, et je suis entre la position assise et couchée sur mon siège un peu défoncé. Il nous a mené à bon port, c’est le principal. Nous rejoignons notre chambre, heureux de profiter du luxe de cet hôtel. Notre balcon donne directement sur le parc de la résidence du président, la palacio do Alvorada. Celui-ci, avec la nuit tombante, vient de s’éclairer, d’ailleurs. C’est encore un bâtiment de Niemeyer, un des premiers construit ici.

 

Je vais à la piscine pour nager un peu. Le temps est mitigé mais il fait bon, et l’eau est douce. Bien sûr, il n’y a personne pour me déranger. Cette grande structure sombre et silencieuse, qui entoure la piscine, est presque fantomatique. Je retrouve Sibylle à la chambre et nous allons dans le hall, où se trouve installé le bar, boire notre apéritif du soir, vin brésilien pour Sibylle et bière pour moi. Nous observons la clientèle, smoking et robe du soir sont de sortie. Il n’était pas question de sortir pour trouver un hypothétique restaurant à l’extérieur, celui de l’hôtel fera l’affaire. Initialement un peu inquiet sur le prix demandé, la carte nous rassure. Bien sûr, c’est beaucoup plus cher qu’ailleurs, mais l’addition ne devrait pas être plus importante qu’un petit chinois de Belleville. Nous commandons deux pièces de viande, 300 grammes de bœuf, absolument divin, servi avec une petite purée délicieusement parfumée. Arrosée par un honnête vin brésilien (une bouteille…). Le service et la vaisselle, sont en adéquation avec le lieu, c’est donc un excellent moment. Nous terminons cette soirée en nous promenant dans le jardin autour de l’hôtel. Un ponton donne sur le lagon : c’est très agréable, dans la douceur de la nuit, d’entendre le clapotis de l’eau et le crissement des insectes nocturnes… De retour à notre chambre, la réalité de la guerre irakienne remet les idées en place.

 

Mercredi 9 avril 2003

 

Lever matinal, à 6h30. C’est une très longue journée qui nous attend : Brasilia la matin, Sao Paulo le midi et Rio de Janeiro le soir. Nous nous réservons une bonne demi heure à notre petit déjeuner. Le buffet est somptueux, parmi les plus beaux, sinon le plus beau que nous ayons fait dans ce type d’hôtel (je ne suis pas un habitué !). On nous appelle un taxi pour rejoindre l’aéroport. Dernier regard, presque nostalgique, sur les bâtiments du congrès, qu’on aperçoit, entre les arbres, au grès des échangeurs routiers. Nous passons, comme à l’aller, dans le quartier des ambassades. Celles ci méritent, paraît-il, d’être vues plus en détail, avec des éléments architecturaux propres aux pays d’origine. La dernière sur le chemin de l’aéroport, plutôt quelconque, gardée par des véhicules militaires, est l’ambassade…d’Irak.

 

Nous embarquons sans souci, dans cet aéroport moderne, sur un vol de la TAM. Un peu plus d’une heure après, nous approchons de Sao Paulo, ville géante et tentaculaire. Lorsque l’avion se rapproche du sol, nous survolons des kilomètres de zones urbanisées, et c’est une véritable forêt d’immeubles sous nos yeux. Le spectacle est absolument impressionnant : c’est, ne l’oublions pas, la troisième ville du monde. Nous atterrissons à l’aéroport de Congonhas, l’aéroport domestique, distant d’une dizaine de kilomètres du centre ville. L’aéroport international est plus éloigné. Congonhas est vraiment dans la ville, certains riverains doivent souvent trembler dans leur maison, à chaque atterrissage. Evidemment, à partir de notre débarquement, tout va être trépidant autour de nous, tout le temps. Nous récupérons nos sacs de voyage et les déposons dans une consigne, pour les récupérer ce soir, puis cherchons à quitter l’aéroport. Je choisi comme solution, qui me semble être du meilleur rapport prix / rapidité, le taxi, jusqu’à la station de métro la plus proche, ce qui nous permettra ensuite de rallier le centre. En une petite heure, nous nous retrouvons effectivement au cœur de la ville. Nous n’avons que quelques heures pour découvrir cette ville : il faut donc faire des choix. Le premier s’impose à nous : le musée d’art de Sao Paulo. Cela sera notre première visite. Il se trouve avenue Paulista, la grande artère centrale de la ville, que nous souhaitions de toute manière parcourir.

L'avenue Paulista à Sao Paulo

 Le MASP est installé dans un bâtiment d’architecture moderne, et est le fruit d’une collection privée (un certain Chateaubriand, homme d’affaire brésilien du siècle dernier).La collection est magnifique : on y trouve les grands noms, avec des toiles de qualité : Picasso, Gauguin, Toulouse Lautrec, Renoir, Degas, Delacroix… pour le 19ème siècle français, mais aussi de nombreux maîtres plus anciens : Le Greco, Raphaël,… J’avais bien sûr sélectionné cet endroit dès mes premières recherches sur le Brésil. Je suis heureux de l’avoir visité : comment manquer le musée de peintures réputé comme le plus important d’Amérique Latine.

Comme il est midi lorsque nous terminons la visite, nous décidons de manger à la cafétéria du musée, simple et bon marché. Nous quittons ensuite le musée pour marcher sur l’avenue Paulista, question de se faire une idée un peu plus précise de la ville. En fait, cette artère a un visage très américain, avec tous les immeubles de grande hauteur qui la bordent. On dit de Sao Paulo que c’est la Manhattan de l’Amérique du Sud, ce qui est tout à fait vrai. Après avoir marché un long moment, nous reprenons le métro à la station Pareiso (je suppose qu’il s’agit de Paris, puisque la station est décorée avec des photographies géantes des stations de métro parisiennes), qui va nous mener dans le centre à proprement parlé de la ville.

Le parcours que nous allons effectuer à pied dans le centre est éprouvant et passionnant. Eprouvant, parce que l’activité est assez frénétique autour de nous. Passionnant, parce que cette ville, qui n’est pas belle, est cependant un mélange étourdissant de styles, s’imbriquant les uns dans les autres, pour former un ensemble complexe et contrasté. On peut voir, en effet, se côtoyant, des immeubles baroques, datant de la première moitié du 20ème siècle, des tours des années 60, souvent dans un piteux état, ou encore quelques bâtiments beaucoup plus anciens, datant de l’époque coloniale ou du 19ème siècle.

Le centre de Sao Paulo

De la Praça de Se, où se trouve la cathédrale, assez récente, nous marchons jusqu’à la Praça da Republica. Coup d’œil sur la terraço Italia, la tour la plus haute de la ville (1956), et à côté, un bâtiment beaucoup plus intéressant, la tour Copan, de Niemeyer, à la façade ondulée comme un S, antérieure aux réalisations de Brasilia, puisque l’immeuble date du début des années 50. Nous profitons d’être près de la succursale d’Iberia au Brésil pour re-confirmer notre retour (je pensais qu’une grande compagnie comme Iberia ne faisait plus re-confirmer les billets). Fatigué, nous faisons un stop dans un bar pour se désaltérer et reprenons notre chemin vers le métro. Nous terminons la visite du centre par des quartiers beaucoup plus populaires et commerçants, sans grand charme, il faut l’avouer. Même si le danger n’est pas visible, nous sommes tout de même sur nos gardes, car nous sommes immédiatement identifiés comme touristes étrangers.

 

Notre découverte de Sao Paulo est terminée. Bien sûr, elle est très partielle, mais elle était très enrichissante et je ne regrette pour rien au monde cette excursion dans la troisième ville du monde, la ville la plus importante, la plus riche, la plus active de toute l’Amérique Latine.

Nous n’en avons pas tout à fait fini d’ailleurs avec elle, puisque du métro, nous rejoignons en taxi l’aéroport, et, plus que le matin, nous faisons connaissance avec les encombrements, la pollution et la frénésie de la circulation. Nous récupérons nos sacs et enregistrons nos bagages rapidement. C’est en fait un véritable pont aérien entre Rio et Sao Paulo, chaque compagnie (Varig, Tam, Gol et les autres) proposant quasiment pour chacune d’elle un vol toutes les heures. Le nôtre est un avion de la Varig, en partage de code, puisque nous avons des billets de la TAM. Avant de monter dans l’avion, nous allons à la brasserie qui se trouve en terrasse de l’aéroport. Les fenêtres étant ouvertes, c’est dans le vacarme des avions atterrissant et décollant que nous consommons nos bières. Cette journée est tout de même très fatigante. Nous nous reposons dans l’avion qui nous mène à Rio, que nous atteignons une petite heure plus tard.

 

Là, nous prenons un taxi pour un hôtel du centre, que nous avions réservé deux jours plus tôt. Il s’agissait d’un hôtel de type deux étoiles, assez fatigué, mais dont on nous proposait une suite au dernier étage (14ème) pour 30 euros environ. C’était vieillot mais vaste, avec deux pièces, et une belle vue sur le centre de Rio et le pain de sucre. Hélas, quand nous arrivons, la chambre est louée. J’avais bien un papier justifiant de ma réservation, mais nous n’avions rien payé et, vu l’heure, ils avaient loué à d’autres. On nous propose une chambre standard, mais là, c’est vraiment petit et pas terrible. On râle pour le principe, sachant de toute manière qu’il n’y a pas grand chose à faire. Je pars donc voir dans un hôtel tout proche, similaire, les disponibilités. On nous propose ici une chambre propre et assez moderne, bien équipée, pour un prix correct (25 euros environ). Cela sera bien suffisant pour cette nuit, nous sommes épuisés, et de plus, demain, nous nous levons tôt pour de nouveau quitter Rio.

 

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