Ma terre natale, les Hautes-Vosges
mon village, Cornimont

 

Je suis né à Cornimont, petite ville des montagnes des Vosges de 4000 habitants.  

le centre de Cornimont Le village est situé dans une vallée, où coule la Moselotte, affluent de la Moselle. Le centre du village est situé à 500 mètres d'altitude. Les Montagnes qui bordent le village, "le droit" et "l'envers" sont couvertes de sapins, de hêtres et d'épicéas. Les montagnes sur le domaine communal culminent à 1202 mètres d'altitude (Grand Ventron). Le village est moyennement encaissé.

Le climat

Ne souhaitant pas en faire un sujet de polémique (!), je dirai simplement et en toute objectivité que le climat de la région est rude. Il cumule  une influence océanique (humide) et une influence continentale (froid hivernal et tendances orageuses en été). Le résultat de cette conjonction peut paraître parfois déprimant à celui qui n'y est pas habitué. Ceci, particulièrement aux inter-saisons du printemps et de automne. Par contre, lorsque le soleil brille ou que la neige enveloppe les paysages, la montagne vosgienne révèle alors toute sa beauté. A la fin du printemps, la forêt est exubérante. On trouve rarement en France autant de verdure. Toutes les nuances de vert sont là. La nature, grâce à l'eau omniprésente, s'épanouit. Mais attention, si la pluie se fait rare, rapidement, les arbres et les plantes ont soif, car les Vosges sont un gros bloc de granit et l'eau s'écoule vite. En automne, les paysages sont également magnifiques, lorsque la brume enveloppe les ballons et les forêts sombres. Quant à l'hiver, quoi de plus beau que des sapins chargés de neige sous un soleil étincelant...

Ma région est un petit bijou, mais ne dévoile pas ses charmes à tous les coups ! il faut le savoir quand on la visite, être parfois patient, quitte à y revenir, elle le mérite bien !

 

les montagnes autour de Cornimont

Les hommes

Pays de montagne, les vallées vosgiennes sont habitées depuis des siècles. De rudes montagnards vivant de l'élevage et d'un peu d'agriculture. Une présence humaine constante mais avec des périodes de recul, particulièrement au 17ème siècle, avec les guerres et les épidémies. Quelques "feux" subsistaient. Il n'y avait même plus de village a proprement parler. On était à la limite de la préhistoire, vivant dans des cabanes dans la forêt, au milieu des loups et d'autres animaux sauvages.

Le renouveau à lieu au 18ème siècle et surtout au 19ème siècle, avec la révolution industrielle, va donner un essor aux villages vosgiens. L'eau : elle va permettre à l'industrie textile de se développer. Partout, des petites usines vont se construire. Et la physionomie actuelle de nos villages va se dessiner. Le tissage, la filature, au bord de la rivière.

les cités ouvrières textiles Et les "cités", longues maisons au toit pointu, vont être construites pour les ouvriers et leur famille. Le château du patron, partout présent aussi, belle bâtisse bourgeoise. Quelques maisons de maître pour les directeurs. C'est le pendant des corons du Nord de la France. Le textile va mettre les agriculteurs à l'usine. Nos arrières-arrières-grand-parents vivaient dans leur ferme, nos arrières grands-pères travaillaient à l'usine pendant que nos arrières grand-mères tenaient la ferme et élevaient leurs nombreux rejetons. Nos grand-parents travaillaient à l'usine et vivaient dans une cité. Nos parents ont aussi vécu du textile comme ouvriers ou employés.

 

L'industrie florissante du textile pendant plus d'un siècle a profondément marqué notre région. Il n'y avait plus qu'une trentaine d'habitants à Cornimont en 1640, à la fin de la guerre de 30 ans, la peste et les massacres ayant décimé la population. 500 habitants au début du 18ème siècle, près de 2000 au début du 19ème siècle. Plus de 4000 en 1860, lorsque l'industrie s'est bien installée. La population culminera à plus de 5000 jusque dans les années 1970. Nos villages deviennent de gros bourgs. Les nouvelles maisons individuelles commencent à envahir les versants des vallées, le fond étant occupé par les cités, les usines et les maisons de commerçant.

Et puis, vînt la crise. Comme la sidérurgie, le textile se meurt. Les usines font faillites. La plus grosse entreprise de Cornimont, qui a employé plus de 1600 personnes dans la région, dépose son bilan comme les autres. Un petit Boussac. Le textile vosgien était empreint d'un fort paternalisme. Des familles complètes (dont la mienne) travaillaient dans les mêmes entreprises. Beaucoup d'habitants se retrouvent au chômage. Le pays se vide. En quelques années, la population est revenue à 4000 habitants (son niveau d'il y a plus d'un siècle).

La physionomie du village s'en est ressentie. Les maisons se décrépissent, les peintures s'écaillent et ne sont pas rénovées. Les cités ont les volets clos. Heureusement, un plan général de réhabilitation est mis en œuvre actuellement et les couleurs reviennent. Les rues sont rénovées et rendent un certain cachet au village. Des industries de remplacement se sont installées : mécaniques, électriques. Reste toujours le travail du bois, du granit et l'agriculture de montagne. Le tourisme est également un apport pour le village mais ce sont surtout les villes de La Bresse et Gérardmer, proches, qui en bénéficient. Beaucoup d'efforts sont fait actuellement pour redynamiser le village.

La situation reste cependant difficile dans la région, et particulièrement à Cornimont, toujours très sinistrée sur le plan économique. Il n'est pas facile de trouver du travail et beaucoup de jeunes quittent le pays. Ceux qui restent travaillent dur pour des salaires sans doute moins élevés que le moyenne. Les Vosgiens sont travailleurs et assez peu revendicatifs, comparativement à d'autres régions.

Les vallées vosgiennes

Cornimont est un village au fond d'une vallée et il fait partie d'un ensemble de bourgs qui s'égrainent le long des vallées. Trois vallées principales dans les Hautes-Vosges : celle de la Moselle, celle de la Moselotte et celle de Gérardmer. Tout les cinq kilomètres, un nouveau village, souvent construit sur un schéma identique, profondément marqué par le textile. Usine textile, cités ouvrières. Les trois vallées convergent vers Remiremont, ville de 10000 habitants, coquette avec ses arcades et son palais abbatial. Une histoire assez originale : la ville fut dirigée pendant presque un millénaire (jusqu'à la révolution) par des abbesses. Remiremont est la cité commerciale, administrative du pays. Pour beaucoup de jeunes des vallées, c'est le lieu du lycée (ce fut mon cas).

Les lieux touristiques notables autour de Cornimont

La Bresse : La ville en amont de Cornimont, à 7 km. En fait, Cornimont ne fait pas beaucoup le poids. La Bresse est 'la' station de ski des Vosges. Elle dispose du plus grand domaine skiable. Sa position de fond de vallée lui donne un réel attrait. Après, ce sont les montagnes, les crêtes toutes proches, la ligne bleue des Vosges. La Bresse a un aspect assez moderne. Elle fut complètement brûlée pendant la guerre de 39-45. Elle est bien équipée pour le tourisme. En plus des pistes et des hôtels, un complexe de loisir avec piscine, bowling.

Ventron : charmant petit village à quelques kilomètres de Cornimont dans une vallée transversale. Un fond de vallée également. Un joli écrin de verdure et le domaine skiable de Frère Joseph, petite station familiale avec beaucoup de cachet.

Gérardmer : un peu plus lointaine par la route mais si proche à vol d'oiseau. La 'perle des Vosges'. Son lac est sa richesse. Plus huppée que La Bresse, mais attention, il ne s'agit pas de Courchevel !

l'hermitage de frère Joseph

 

Les Crètes : la grande beauté des Vosges. Des ballons, usés par l'érosion, dégarnis en leur sommet par le climat rude. En pente assez douce du côté Vosgien, abrupt du côté alsacien. Le grand massif s'est affaissé en son centre il y a quelques millions d'années. De l'autre côté du Rhin, la Forêt Noire, la sœur jumelle des Vosges. Un superbe paysage lorsque au matin d'une belle journée d'automne, la ligne d'horizon semble être un champ d'ondulations vertes et sombres, encore prises par les brumes. Une autre magnifique image lorsque la neige recouvre toutes ces douces montagnes chauves en leur sommet. Rien à voir avec la beauté massive et tranchante des Alpes ou des Pyrénées. Ce sont de vieilles montagnes. Attention de ne pas s'y perdre ; elles peuvent être dangereuses lorsque la neige, le froid et le brouillard les prennent !

 

Les chaumes : ce sont des petites fermes qui font auberge où il est bon de s'y réfugier pour y manger des 'tofôilles' (pommes de terre et lard), du munster ou un fromage blanc au kirsch. Une petite mirabelle, pourquoi pas. On traverse parfois l'étable pour aller se restaurer. Pour échapper au vent et au froid, se sont souvent des petites bâtisses très plates, qui se fondent dans le relief. En hiver, quand il y a beaucoup de neige, on peut même passer en ski sur le toit de certaines !

la chaume

La foret vosgienne : C'est la deuxième de France après celle des Landes. Composée essentiellement de sapins, de hêtres et d'épicéas, elle est omniprésente. C'est une richesse du pays. Elle est l'occasion de toutes les randonnées. Elle fournit le bois aux scieries. La tempête de 1999 y a fait beaucoup de dégats.

la ferme vosgienne

Le folklore vosgien

le schlitteur

On est souvent surpris par l'accent local. Il est tenace et nous marque tous plus ou moins. Une interjection caractéristique : Moooonnn ! (l'équivalent de eh bien !). Tout l'accent vosgien est dans ce mot ! Le patois était très usité mais bien sûr, il se perd. Pas de costume franchement local. Un élément de folklore important est le schlitteur. Il descendait sur des chemins de traverse aménagés (sortes de rails en bois) en retenant une grosse luge caractéristique (la schlitte). Celle-ci était chargée de rondins de bois. Ce travail était dangereux et fatiguant. Le schlitteur devait contrôler sa vitesse en bloquant ses pieds sur les rondins transversaux de bois, retenant la lourde schlitte par son dos. Beaucoup se sont fait plus ou moins écrasés de cette manière. Ceci a été mis en image par le film 'les grandes gueules' avec Bourvil.

 

Les patronymes de la région : Peu de mélanges jusqu'il y a un demi-siècle. Beaucoup de patronymes caractéristiques : Géhin, Claudel, Perrin, Vaxelaire, Poirot, Demange, Curien... (à La Bresse, plus de 500 Poirot pour 5000 habitants !). Tellement de familles portaient le même nom qu'on donnait souvent un surnom pour les différencier. par exemple, mon grand père, qui s'appelait Camille Claudel, était plus facilement identifié sous le nom de Camille Tentat. Les familles s'enchevêtraient tellement que dans la généalogie d'un Vaxelaire, je me retrouve dans trois branches, par le sang et par alliance !

Le centre de Cornimont après les combats de 1944

Le centre bombardé en 1944

La littérature sur Cornimont :

Je dispose de quatre ouvrages sur Cornimont, qui m'ont aidé à mieux connaître son histoire, et dont certaines informations de mon récit sont tirées :

Par ordre chronologique :

- 'Cinq années de guerre à Cornimont , journal véridique et consciencieux écrit par les gens du pays' par l'abbé Claudel (imprimé par A. Masson, Malzéville -1947) : ce petit livre de 60 pages retrace chronologiquement, au jour le jour pour les périodes les plus marquantes, les événements qui se sont déroulés entre 1939 et 1945 dans notre village. Il s'agit d'un témoignage inestimable, dont je suis persuadé que de nombreux Counehets ignorent l'existence. Le texte est passionnant, méticuleux, moderne, agrémenté de photographies des destructions.

- 'Counehets d'autrefois' de Robert et Berthe Curien Girot (imprimé par Girompaire, Cornimont - 1968) : la référence en matière d'histoire de Cornimont, de l'époque mérovingienne au milieu du 20ème siècle.

- 'Au temps du village' de Robert et Berthe Curien Girot (imprimé par Girompaire - Cornimont - 1970) : un récit plus anecdotique, fait de portraits, de scènes du temps passé.

- Cornimont Ventron d'hier et d'aujourd'hui (Gérard Louis éditeur - 1994) : un ouvrage relié, présentant essentiellement des photographies anciennes et récentes de notre village, dont j'ai repris quelques exemplaires. Les photos récentes sont de Michel Géhin (ancien studio Michel). Les photos anciennes proviennent de collections particulières.

- Il existerait également une 'Histoire locale de Cornimont' par le chanoine Didierlaurent, parue dans le bulletin paroissial (notre fameuse 'chronique') de janvier 1908 à mai 1914. Je ne connais pas ce document.

Voilà quelques caractéristiques de ma région que je compléterai sans doute...

Galerie de photos