Pologne

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Jeudi 16 mai 2002: Auschwitz

Lever à 7h30, en bonne forme, comparativement à hier. Le ciel est bleu et une belle journée s'annonce. Cette journée sera pourtant particulière, en forme de pèlerinage, puisque je vais visiter les camps de Auschwitz et Birkenau. Il me semblait inconcevable de venir en Pologne, et surtout à Cracovie, sans faire ce voyage vers l'horreur des camps de la mort, en signe de souvenir, et pour ne pas oublier cet épisode, sans doute un des plus noirs de notre humanité.

Mais pour l'instant, je me prépare mon excursion : le type de l'agence m'avait parlé d'un bus à 9h30 pour la ville d'Oswiecin (Auschwitz en allemand). Je prends donc le temps - et le plaisir - d'un petit déjeuner sur la place centrale, encore presque déserte, au doux soleil du matin... Mmmm, un plaisir, petits pains, beurre et miel, un jus d'orange et un café (buvable). Je profite agréablement de ce moment de calme et me décide tout de même à partir vers la gare routière, que j'atteins à 9h01, prenant le temps d'acheter dans des petits kiosques de l'eau, du pain, des bananes... Et le bus pour Oswiecin me démarre sous le nez, puisqu'il partait en fait à 9h00. Je suis donc très très "colère" ! Le prochain bus est à 11h00, c'est un bus "spécial touriste" puisqu'il dessert en fait directement le site de Auschwitz, alors que l'autre devait faire l'omnibus ; on se console comme on peut. Avec deux heures devant moi, je repars vers le centre, ayant le temps d'aller ainsi voir deux ou trois églises. Je visite donc l'église et le monastère des Dominicains, l'église Saint Pierre et Saint Paul et l'église Saint André, toutes trois de périodes différentes et intéressantes dans leur style. Je passe devant le consulat de France et également le consulat des USA, devant lequel une foule importante fait la queue : on devine que beaucoup de Polonais souhaitent partir travailler là-bas. Je reviens quelques minutes avant 11 heures, pour ne pas rater mon bus et ma journée. Il me faudra attendre cependant 11h30, avec quelques autres jeunes touristes occidentaux pour enfin voir le bus arriver. Avec 1h15 de voyage et un départ de Auschwitz prévu à 16h00, je me dis que la visite va être rapide. Bien que direct, nous nous traînons tout de même dans ce car fatigué.

C'est donc par une douce matinée de printemps, sous un ciel sans nuage, que je découvre l'indicible horreur des camps d'extermination nazis de Auschwitz et Birkenau. Le camp de Auschwitz 1 est le mieux conservé. Il est composé de bâtiments à deux niveaux, alignés, en briques, avec quelques dépendances et, au bout du camp, la chambre à gaz et le four crématoire. Le camp de Birkenau se trouve à deux kilomètres ; il s'agit en fait de Auschwitz 2. Il est beaucoup plus étendu que le premier et était composé d'un alignement de baraquements en bois, dont la majorité ont été détruits. Ce camp a été construit et développé lorsque Auschwitz 1 n'a plus suffit. Les conditions d'existence (si brèves...) étaient encore plus épouvantables ici. Le bus nous dépose à Auschwitz 1, qui est le point d'accueil principal des visiteurs. 

Le camp de Birkenau

Le temps de comprendre l'organisation que je peux faire de mon temps jusqu'à 16h00, je saute dans une navette de bus qui conduit les visiteurs à Birkenau ; je terminerai ma visite par le camp 1. Birkenau est principalement reconnu par son bâtiment portail, avec la voie de chemin de fer qui y aboutit. En montant dans le bâtiment, on se fait une idée de l'étendue du camp, et des milliers de personnes qui pouvaient s'y trouver. Au fond du camp, les vestiges des chambres à gaz et des fours crématoires ainsi qu'un mémorial. Quelques baraquements en bois, sans doute reconstitués, témoignent de l'horreur des conditions de détentions. Des paillasses en bois sur trois niveau, exiguïté, saleté, faim... 

Je reprends une demi heure après la navette pour le cap d'Auschwitz 1. La visite commence par le portail avec la tristement célèbre inscription "Arbeit macht frei" (le travail fait la liberté). Un grand nombre de pavillons sont aménagés en musée, soit avec des photos, soit des objets. Inutile de dire que la visite est poignante : comment rester insensible devant ces milliers de paires de chaussures en tas, ces lunettes, ces valises, ces habits d'enfants, ces paquets de cheveux. Prisons cage, salles des expériences médicales, toutes sortes de documents qui font monter les larmes aux yeux. Le moment le plus émouvant pour moi a été la visite de la chambre à gaz et du four crématoire : bien sûr, de par l'ignominie du lieu, mais surtout pour un groupe de jeunes lycéens allemands, guidés par leur professeur, qui, après avoir récité un texte, ont déposé une gerbe de fleur sur le plateau de la chaudière, par lequel on enfournait les corps, et se sont recueillis en pleurant. Inutile de dire que j'avais le coeur très gros aussi à ce moment là. 

L'enceinte d'Auschwitz

Je pense qu'il est absolument nécessaire d'entretenir le souvenir de cet holocauste, sans doute le plus important qu'ait connu notre monde. Il en a existé d'autres (je pense à l'Arménie), mais c'est bien aussi parce qu'il peut s'en produire d'autres, qu'il ne faut pas oublier : regardons le Rwanda, c'était il n'y a pas 10 ans... Je n'ai à ce sujet aucune confiance béate dans l'avenir de l'humanité, et il faut cultiver cette image de l'horreur, de l'inhumanité absolue, pour que nous, ou nos enfants, puissions encore, si cela est possible, nous révolter contre les prémisses d'une nouvelle horreur.

J'avoue également, qu'au terme de la visite, après avoir vu la projection qui conclut  le parcours, on pense avec scepticisme à notre facho national (vous voyez qui je veux dire), qui a parlé des camps de concentration comme d'un détail de l'histoire de la seconde guerre mondiale. Comment résumer ceci à un détail ? La preuve que "La bête immonde" est bien toujours là, toujours prête à revivre, même sous les traits d'un candidat presque victorieux à la Présidence de la République.

A 16h30, je reprends le bus pour Cracovie que j'atteins vers 18h00. En reprenant le chemin du centre ville, je passe devant le grand théâtre de la ville, qui est une copie réduite de l'opéra Garnier. Au programme, on joue Molière ce soir. Je me dis que c'est peut-être l'occasion de me changer les idées après cette journée difficile. Malheureusement, la caisse est fermée. Je me dirige alors vers la salle philharmonique, un concert pouvant faire aussi l'affaire ; c'est malheureusement relâche ce soir. Un peu déçu, je repars vers l'opéra, à tout hasard, la représentation ayant lieu à 19h00. Et finalement, je peux acheter une place, les caisses et la salle étant maintenant ouvertes. Les Polonais sont de grands amateurs de théâtre et les prix sont vraiment abordables. La salle est très belle et je suis au deuxième rang. Je ne sais pas quelle pièce de Molière je vais voir ; aucune indication hormis le titre en Polonais, cela sera une surprise : Je mettrai tout de même un bon moment pour comprendre qu'il s'agit du malade imaginaire ! Même si je ne comprends pas un traître mot, la pièce est magnifiquement jouée, avec un bon jeu d'acteurs et une mise en scène de qualité, et je m'amuse autant que la salle. La représentation se termine vers 21h30, je passe un petit coup de fil en France et vais dîner dans la même petite cantine sympathique de la veille de délicieux beignets végétariens. Je prends ensuite un café sur la grand place, toujours bondée, puis passage au cyber-café avant retour à ma chambre d'hôte.

Vendredi 17 mai 2002: Zakopane et les Carpates.

Lever à 6h30 ; la journée sera consacrée à une excursion dans les Tatras, la partie polonaise des montagnes des Carpates. Un coup d'oeil à la fenêtre pour constater que le ciel est totalement dégagé, ce qui m'enchante. Vite préparé, je file sur la grand place pour profiter d'un petit déjeuner tranquille et matinal au soleil. Il est tôt et je ne trouve qu'une brasserie déjà ouverte et un pauvre serveur étudiant qui panique complètement dans son service ; pas question de renouveler la mésaventure d'hier en manquant mon bus, je m'énerve presque pour payer. 

Départ en bus à 8h30 pour Zakopane, la station d'hiver la plus connue de Pologne. Elle se trouve à une centaine de kilomètres de Cracovie. Le voyage dure deux bonnes heures, et petit à petit, le paysage se vallonne, jusqu'à finalement voir se découper à l'horizon la chaîne de montagne, aux formes alpines. Je suis assez surpris par les très jolies maisons que je vois le long de la route. Vastes villas, parfois en bois, avec des toits complexes ; en France, on les considérerait comme des villas bourgeoises. Beaucoup sont neuves ou en construction ; il y a visiblement un boom de l'immobilier dans cette région. 

Vue de la ville de Zakopane et les montagnes des Tatras

La ville de Zakopane est évidement très touristique, avec de nombreux hôtels et restaurants. C'est réputé huppé, une sorte de Chamonix polonaise. Elle se trouve au fond d'une vallée, avec au versant nord une montagne d'un peu plus de 1000 m d'altitude, et au sud, les sommets, qui culminent à un peu moins de 3000 m d'altitude. Un funiculaire permet de grimper sur le versant nord et un téléphérique sur le versant sud. J'aurais bien sur aimé prendre le téléphérique, qui monte beaucoup plus haut, mais mi-mai, celui-ci est fermé, sans doute pour entretien. Je me rabattrai donc sur le funiculaire. 

Maison traditionnelle

Avant de m'y rendre, je vais me balader sur l'artère principale du village, qui est piétonnière. J'y prends un café à une terrasse ; elle n'est pas spécialement agréable, c'est une succession de restaurants à gros débit, pour nourrir les touristes. Je vais également visiter la très jolie ancienne église du village, presque une chapelle, tout en bois, et le petit cimetière qui se trouve juste à côté. Les pierres tombales sont toutes très originales, sculptées, soit en pierre, soit en bois.

Il faut traverser ensuite une sorte de grand marché touristique, où l'on peut trouver toutes sortes de babioles en bois, en peau ou en cuir (pas toujours du meilleur goût), pour atteindre le funiculaire. Ce qui me donne le plus envie sont des fromages de chèvre fumés dont la couleur et l'apparence me font fortement envie ; ils sont effectivement très réputés mais je ne me vois pas m'encombrer d'un fromage...

Queue au funiculaire, comme partout d'ailleurs ; c'est fou le monde qu'il y a ici, particulièrement des enfants en groupe scolaire. La montée dans ce funiculaire moderne et rapide. On arrive au niveau de la crête de la montagne qui laisse alors découvrir la magnifique vue sur la vallée et les montagnes. Ici aussi, des restaurants, des buvettes, des jeux pour enfants, c'est très bon enfant, même si cela casse un peu le charme du paysage. Le ciel est d'un bleu transparent et il fait 26 degrés. Beaucoup de gens se font bronzer sur la piste de ski qui part de la crête et qui descend vers Zakopane. Je n'imaginais pas avoir un tel temps ici, alors qu'il pleut et qu'il fait froid à Paris. Après une balade et une petite pause bronzette, je décide de redescendre à pied vers la ville, empruntant des chemins dans la forêt le long de la voie du funiculaire. J'atteins le centre en 30 minutes et je me mets à la recherche d'un restaurant. Rien me convient réellement : soit trop chic, soit trop touristique. Je trouve finalement un petit restau sans grandes ambitions qui sert un plat du jour honorable. 

Il est 14h00 et je décide alors de me faire une petite ballade en montagne, avant de rentrer à Cracovie : pas de grandes ambitions, je ne vais pas monter à 2500 m d'altitude ! il est trop tard et j'ai un bus à prendre : je choisi donc une petite ballade indiquée sur mon Lonely Planet, qui est la découverte d'une vallée qui part de Zakopane. Après quelques erreurs d'aiguillage et une longue marche assez inintéressante dans les faubourgs du bourg, j'atteins enfin la forêt ; il faut payer pour emprunter le chemin ! le prix est très modique mais je trouve cela un peu incongru. 

Jolie ballade donc le long d'un ruisseau, grimpette facile, qui mène à deux ou trois kilomètres à un refuge, qui fait accessoirement petit restaurant. Mon plan m'indique la possibilité de revenir en boucle sur Zakopane, sans être obligé de rebrousser chemin. Je m'engage donc sur un petit chemin très caillouteux et très pentu, sensé me reconduire vers la ville en longeant la montagne. Malheureusement, celui-ci n'en fini pas de grimper et je m'époumone, complètement trempé de sueur.

Refuge dans la montagne

 Au bout d'un petit kilomètre, croyant avoir atteint le haut la crête, je me retrouve face à une grande muraille de pierre, et le chemin qui se dirige vers elle... Courageux mais pas téméraire, l'heure avançant, je décide de finalement rebrousser chemin, ceci me paraissant plus raisonnable (pas envie de claquer ici tout seul non plus !). Petite pause au refuge pour boire un bon litre d'eau, et retour vers Zakopane. 

N'étant pas sûr d'avoir un minibus pour me reconduire à la gare routière, je repars donc à pied, espérant pouvoir prendre le bus de 17h30 pour Cracovie. le timing est maintenant très serré et la distance longue, je suis obligé de courir pour arriver à l'heure. Le bus est quasiment sur le départ lorsque j'atteins la gare, rouge comme une pivoine. Ces deux heures de trajet en bus vont me permettre de récupérer un peu ! Changement de programme au niveau météo, des gros nuages orageux commencent à rouler à l'horizon, et nous essuyons une première grosse pluie sur la route. Nous atteignons Cracovie, très encombrée de véhicules dans sa partie périphérique, un peu avant 19h00. Je me mets alors à la recherche d'un restaurant différent ce soir, mais les adresses du Routard sont soit fermées, soit périmées. Je me rabats donc... sur ma cantine végétarienne, bonne et bon marché. Je me dirige ensuite vers la grand place, la pluie commençant à tomber. Un gros orage éclate et tout le monde court dans tous les sens sur la place. J'en profite pour regarder l'artisanat exposé dans les petites échoppes  de la halle aux drap. L'averse terminée, je vais alors m'installer à une des terrasses, presque toutes désertées. Je trouve un fauteuil (non trempé) et choisit un grand parasol pour m'abriter de l'orage et l'averse qui reprend un peu. On vient tout de même me servir un café. Je reste ici une bonne demi-heure, puis passage par la case cyber-café. Il y a ce soir encore plus de monde que la veille ; c'est le week-end demain, et de plus celui de la Pentecôte, ce qui annonce de nombreux touristes d'Europe de l'Ouest. Dans les rues, de nombreux jeunes fêtards, déjà légèrement imbibés de bière braillent et s'interpellent : la nuit va être chaude. En rentrant à ma chambre, mon hôtesse semble très intéressée par l'heure de mon départ le lendemain : visiblement, la chambre ne sera pas longtemps inoccupée. 

Samedi 18 mai 2002: Mines de Wielicska, Cracovie et train de nuit pour Gdansk.

Lever à 7h00 du matin, c'est mon dernier jour à Cracovie. Le temps est revenu au beau. Avant de quitter définitivement ma chambre, je pars déjeuner sur la grand place pour la dernière fois. Puis retour chez mon hôtesse pour boucler mes bagages : encore une fois (la troisième...), elle me demande l'heure de mon départ, car des personnes doivent arriver. Là, elle commence à m'échauffer sérieusement ; je lui fait remarquer qu'il n'est même pas 9h00 du matin et que j'ai tout de même payé ma nuit. Je remarque aussi (petit détail...) que le lit est refait mais les draps identiques... j'ai tout de même dormi trois nuits... Je pars sans la saluer (ce qui n'est pas tout à fait mon genre habituel - mais d'un autre côté elle n'attendait que cela !). 

Je me rends alors à la gare pour y déposer mon sac en consigne jusqu'à ce soir, lorsque je prendrai mon train pour Gdansk. Puis je prends une navette minibus devant la gare pour les mines de Wieliczka, qui se trouvent à une quinzaine de km de Cracovie. Il s'agit de mines de sel, exploitées depuis le 13ème siècle, et qui couvrent plus de 300 km de galeries, à une profondeur atteignant maintenant plus de 300 m. Ce qui est le plus impressionnant sont les immenses salles creusées et souvent décorées de sculptures de sel, souvent d'inspiration religieuse. Certaines salles ont presque la taille d'une petite cathédrale. Ce site est inscrit au patrimoine de l'UNESCO et est bien sûr largement visité. L'entrée est assez chère. Accompagné d'un guide (anglophone), on descend d'abord un escalier de presque 400 marches, puis on effectue un parcours de deux kilomètres de galeries et de salles. La remontée se fait par un petit ascenseur. la visite vaut le déplacement, il s'agit d'un site tout à fait particulier. 

Le musée d'art japonais Manggha

Vers midi, je rejoins le centre de Cracovie et me décide donc de visiter, en face du château du Wawel, de l'autre côté de la Vistule, le centre d'art japonais Manggha, nom d'un écrivain polonais du début du siècle, passionné du japon et collectionneur. Il s'agit d'un bâtiment en béton d'architecture contemporaine (assez réussi), dont la construction a été financée en partie par Andrzej Wajda, et qui abrite une petite mais délicate et merveilleuse collection d'objets et de peintures japonaises, à voir absolument pour les amoureux d'art asiatique.

 Une petite cafétéria dans le hall du musée offre une très belle vue sur le château. Je repars ensuite vers le centre, renonçant à visiter de nouveau le château, sûr d'y trouver une foule compacte de touristes.  

La tour de l'hôtel de ville et la halle au draps sur la place du marché.

Déjeuner au centre dans un petit restaurant à service rapide (avec une bonne nourriture) : il me reste à occuper mon après midi en éclusant les églises, les galeries et les musées de la ville. Malheureusement, le musée de peinture polonaise, installé dans la hall aux draps, est fermé pour la journée (raison inconnue). Je me rabats donc sur le palais des arts, qui abrite une petite collection d'art contemporain, de qualité assez inégale.

 Un autre lieu d'exposition, juste à côté, présente une exposition temporaire d'artistes français contemporains assez déjantés, qui m'amuse un bon moment. De flâneries en visites d'églises et de terrasses de café en lèche vitrine, j'arrive finalement en début de soirée. Je vais me restaurer d'une pizza avant un dernier café sur la grand place ; le monde est aujourd'hui délirant et l'animation à son comble (concert, spectacles, chanteurs de rues...). 

Vers 21h00, je me rends à la gare, récupère mes bagages et me conditionne pour ma nuit en train, un peu tendu, le routard déconseillant vivement les voyages de nuit en train pour des raisons de sécurité. Vers 22h00, mon train se place en gare et je suis donc dans un compartiment de trois personnes (j'aurai juste un voisin), dans un wagon avec un employé dédié pour la nuit. En fait, il n'y a donc quasiment aucun risque et de plus, le compartiment est assez confortable (je suis en 1ere classe). J'y passe une excellente nuit, ce qui est inhabituel pour moi dans les couchettes de train, il faut dire que je récupère aussi des dizaines de kilomètres à pied accumulés depuis mon départ.

Dimanche 19 mai 2002: Visite de Gdansk.

Je me réveille vers 6h00 du matin. L'employé du wagon m'apporte un café et un croissant (bonne surprise même si cela n'est pas terrible). A 7h00, je débarque donc en gare de Gdansk. C'est encore l'aube, il fait frais, mais le temps semble toujours au beau, quelle chance ! Ma première motivation est de me trouver un gîte pour la nuit, les guides indiquant que Gdansk n'est pas une ville facile. L'agence recensée pour les chambres chez l'habitant est notée comme fermée le dimanche. Je vais donc tenter l'auberge de jeunesse, assez centrale. Passant devant le tout nouvel hôtel Mercure, sans doute le plus haut bâtiment de Gdansk, je vais demander à tout hasard le prix d'une chambre : 180 € - je remercie poliment et déguerpis rapidement ! A l'auberge de jeunesse, on me propose une chambre double pour 10 € environ. J'accepte donc immédiatement et pose ma réservation ; je reviendrai dans l'après-midi avec mon sac que j'avais posé en consigne à la gare. 

Libéré de toutes obligations, je peux donc partir à la découverte de Gdansk et cela sera en fait un véritable plaisir ; il n'est pas encore 8 heures du matin, nous sommes dimanche, les rues sont vides de monde et c'est une belle lumière de début de matinée de printemps : la ville est à moi. Gdansk, connue également sous son nom allemand de Dantzig,  présente la physionomie d'une ville ancienne, avec ses maisons moyenâgeuses, mais c'est un leurre : En fait, très détruite pendant la guerre, elle a été reconstruite avec patience et goût à l'identique. C'est une ville chargée d'histoire, avec de nombreuses péripéties et des périodes fastueuses. Mais ses heures les plus noires furent durant la seconde guerre mondiale. C'est aussi à Gdansk q'est né le syndicat Solidarité, vers 1980, qui marque en fait le début de la chute du communisme. La conurbation est en fait composée de trois villes : Gdansk, la ville historique ; Sopot, la balnéaire et Gdynia, l'industrielle. J'emprunte d'abord la rue Mariacka, qui conduit vers les quais e la Motlawa, la rivière qui traverse la ville. C'est une petite rue, avec des perrons à chaque maison et des façades en pignon, qui ressemblent aux maisons flamandes. Ce sont surtout des boutiques de souvenir et d'ambre, spécialité de la ville, qui sont installées dans cette rue. je me retrouve ensuite sur les quais, avec plusieurs bâtiments intéressants, dont la grue de chargement. 

Les quais à Gdansk

Cette balade sur les quais est véritablement agréable, avec la lumière du matin et le fait d'être quasiment seul à me promener. Je repars ensuite vers la voie royale, qui est l'artère piétonnière principale de la vieille ville. Elle est bordée de maisons richement décorée et se trouve en son milieu l'hôtel de ville, bâtiment phare de la ville. Bâti au 14ème siècle, avec son beffroi de 80 m de haut, il fut également détruit pendant la guerre et reconstruit à l'identique. N'ouvrant qu'à 11h00, j'en profite pour aller visiter, à quelques rues de là, le musée de la ville. Premier visiteur de la journée, je constate encore une fois pléthore de personnel dans ce musée provincial. Une collection de peintures intéressantes (beaucoup de flamands), avec, surtout, le triptyque du jugement dernier de Hans Memling, pièce maîtresse de la collection. La visite terminée, je retourne vers le centre ville pour visiter l'intérieur de l'hôtel de ville, qui est aménagé en partie en musée, avec une très belle salle d'honneur, et je grimpe en haut du beffroi, ce qui me permet d'avoir une vue panoramique sur l'ensemble de la ville. 

Au nord de la vie, on peut apercevoir les grues des chantiers navals, activité industrielle principale, sans doute en déclin. Juste à côté de l'hôtel de ville, je visite l'église Notre Dame, qui est la plus grande de Pologne. Beaucoup de monde lors de la cérémonie en cours, puisque c'est le dimanche de la Pentecôte. L'animation commence à être maintenant plus importante en ville.

Le beffroi de l'hôtel de ville

Vue sur Gdansk depuis le beffroi

Après un café en terrasse sur la voie royale, je décide d'aller passer l'après midi à Sopot, la station balnéaire de Gdansk. De la gare, je prends un train de banlieue assez défoncé. Petite aventure : j'avais bien entendu acheté au guichet  un ticket, mais j'ignorais qu'il fallait le composter, ce qui ne se fait pas dans les trains de grandes lignes, et bien évidemment, je tombe sur un contrôleur. 

J'essaie de lui expliquer tant bien que mal que je ne voulais pas frauder. Il m'annonce d'un air très grave l'amende ; environ 20 €. Bon, je ne cherche pas à resquiller, mais un supérieur passe par là et visiblement demande de laisser tomber. Arrivée à Sopot une demi heure plus tard; ce n'est pas loin mais ce tortillard se traîne tellement... 

Sur le chemin, je longe des zones industrielles et les chantiers navals de Gdansk : tout ceci est bien gris et en piteux état. Le long des voies ferrées, c'est une overdose de tags : on se croirait banlieue nord à Paris... Sopot est un peu plus riante, mais rien d'extraordinaire tout de même : l'occasion pour moi de faire connaissance avec la mer baltique. Après la descente de la "rue de la plage", avec ses restaurants et ses boutiques, on arrive au bord côtier et une très grande digue (à l'accès payant). Il y a évidemment pas mal de monde en ce dimanche de Pentecôte pour venir profiter de la douceur du temps. Personne ne se baigne tout de même. Cette ville ressemble à une station de nord ou de Belgique, très parfum début de siècle. Je décide de manger sur la rue principale dans une brasserie assez huppée : le repas le plus cher de mon voyage, les prix étant au niveau d'une brasserie française. Bon mais rien d'extraordinaire, en plus. Retour vers Gdansk par mon tortillard de banlieue. 

Vue de Gdansk

La ville balnéaire de Sopot

Je récupère mon sac à la consigne et vais chercher prendre ma chambre à l'auberge de jeunesse. On me propose une double tout à fait correcte, où je serai seul pour la nuit. Je passe la fin d'après midi à me promener dans la vieille ville, tournant un peu en rond à la fin, car le centre n'est tout de même pas très étendu. Repas dans un petit restaurant sympathique du centre, où je suis le seul client.

 C'est quand même moins touristique ici qu'à Cracovie. Retour à l'auberge de jeunesse, envahie par de nombreux gamins qui font un boucan d'enfer : cela me rappelle quelques souvenirs anciens et je dois vraiment passer pour un vieux ici ! 

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