Afrique du Sud

 

Samedi 12 février 2000 : départ pour Le Cap.

Départ à 13h30 avec la British Midland de Roissy. Retard de une demi-heure. Pas trop grave, nous avons quatre d'heures d'attente à Londres Heathrow. Avion à moitié vide. Sandwich minimaliste... Arrivée à Heathrow, nous nous retrouvons en zone de transit. Je commence à le connaître, cet aéroport... Quelques boutiques et un bar pour occuper notre temps. Un détour par le comptoir de South Africa pour avoir nos cartes d'embarquement.  

A 17h00, nous rejoignons la salle d'embarquement, fumant notre dernière cigarette avant le voyage... Nouvelle tentative de stop de tabac, toujours à l'occasion d'un voyage. Un paquet par jour, cela devient insupportable. Nous embarquons dans un 747 king size, niveau supérieur rallongé. C'est la première fois que nous avons des sièges en partie supérieure. Ce sont souvent des sièges de première ou classe affaire : une minute d'illusion de sur-classement ! Raté, c'est de l'économique... Bon, pas trop mal installé quand même, on peut étendre ses jambes correctement. Côté hublot, un coffre près du siège. C'est bien pratique pour ranger ses affaires. Jamais vu cela jusqu'à maintenant. Avion complet. Nous décollons à 18h00. Ponctualité stricte. L'équipage est composé de blancs exclusivement. Au retour, cela sera un personnel noir exclusivement - bizarre... Service conforme à la moyenne ; bien sûr, nous accompagnons notre plateau repas de vin sud-africain - nous sommes bien décidé à en tester plusieurs ! Plateau repas conforme à la qualité internationale en matière de restauration aérienne tarif économique... c'est à dire insipide. Chicken or beef ?! Je serais également heureux de connaître le pâtissier qui concocte les desserts que l'on mange sur tous les vols internationaux des compagnies du monde entier. Cela doit être le même... Sur ce vol, cela avait un arôme banane. En fait, c'est l'arôme et la couleur qui changent à chaque fois. La matière et la forme sont souvent identiques... Bon, j'arrête ici mon délire. Un petit somnifère pour un long dodo, afin de ne pas être dans le brouillard à l'arrivée à Cape Town.

Dimanche 13 février 2000 : la vallée des vins.

Réveil, plateau petit déjeuner et atterrissage à 7h00 du matin. L'aéroport est petit. Peu d'avions, hormis ceux de la South Africa. Ce n'est pas une route aérienne très empruntée. L'aéroport est visiblement en plein agrandissement : développement du tourisme oblige. Formalités de police rapides. Récupération des bagages et change. Nous nous retrouvons rapidement au comptoir Avis pour récupérer notre voiture. Une Toyota Corolla, la norme des catégories A sur le pays visiblement. Suffisamment spacieuse, facile à conduire. Nous roulerons avec elle 2300 kilomètres, en une semaine, c'est assez important. nous quittons l'aéroport, un peu tendu par la conduite à gauche sur les premiers kilomètres. On s'y fait vite, mais il faut quand même être toujours vigilant, surtout lorsqu'on reprend la route après un stationnement. 

Nous prenons la route vers - justement - la route des vins, à l'est du Cap, par la N2 : nous terminerons notre voyage par la visite de Cap Town, pensant qu'il est préférable de se faire une première idée du pays en le découvrant par sa campagne. Nous allons donc à Stellenbosch, à 40 km du Cap. Cette petite ville est une des plus anciennes du pays. C'est également une ville étudiante. S'agissant de notre toute première étape, nous ne savons pas trop comment aborder la ville. c'est dimanche matin ; peut-on stationner dans la rue sans crainte, peut-on visiter sans problème ? Ces questions paraissent stupides mais les problèmes de sécurité sont si omniprésents quand on parle de l'Afrique du sud que l'on est un peu tendu pour ce premier contact... Bon, tout au long de notre séjour, nous constaterons qu'il n'y a pas lieu, dans cette région, de s'inquiéter en tant que touriste. Prendre les mesures de sécurité classiques, ne pas prendre de risques superflus, et tout ce passe bien. Je ne dis pas par là qu'il n'y a pas de problèmes de sécurité en Afrique du sud... il suffit de voir les fils barbelés entourant les propriétés... Cette petite ville présente une architecture assez plaisante et aérée, avec un ensemble de maison assez anciennes. Nous décidons donc de nous y balader à pied. Nous faisons un stop à un bar avec une terrasse, chose finalement assez rare dans ce pays, pour reprendre un deuxième petit déjeuner. Nous constaterons ici que les prix de la restauration ne sont pas très élevés. Dans les rues, plutôt une population blanche. Un peu de circulation : BMW, Mercedes, 4x4 japonais... l'autochtone ne semble pas vivre trop mal. Cela fait assez penser à une petite bourgade nord américaine. dominant la ville, d'assez hautes montagnes, enneigées parait-il au plus fort de l'hiver. 

Nous quittons Stellenbosch, qui n'est quand même pas une étape au souvenir impérissable, pour Fransckhoek, en empruntant une jolie route au milieu des montagnes et des vignobles. tout au long du parcours, des propriétés sont implantées. Il est possible de s'y arrêter pour effectuer des dégustations et acheter, ou déjeuner également. C'est souvent fermé le dimanche. Nous ne comptions pas vraiment faire ce type de visite de toute manière. On ne peut pas boire et conduire !

 Nous nous arrêtons tout de même dans une très grande propriété renommée, question de voir les bâtiments d'architecture hollandaise du 18ème siècle, maisons à pignon, aux murs blanchis et aux toits de chaume. Le village de Fransckhoek est le cœur de la vallée des vins. Le village en lui même a un intérêt limité. Ce sont toutes les propriétés rénovées des environs qui sont à voir. Tout ceci a un petit goût très français, de part les noms usités : Provence, Chamonix, Mont Rochelle, Bourgogne, etc... L'origine de ceci : l'arrivée de Huguenots à la fin du 17ème siècle, qui s'implantèrent dans la région. On s'aperçut vite que le raisin y poussait très bien. Recherche d'un gîte. Ou dormir ? Pas de petits hôtels ici, comme nous en avons l'habitude. De nombreux Bed and Breakfast. Mais nous constatons que c'est cher (plus de 400 F) et complet. C'est sans doute la méthode la plus sympathique pour découvrir le pays mais notre budget va exploser... Nous allons donc à l'hôtel Huguenot, au centre du village, conseillé par le Lonely. Tout de même 300 F la nuit. Mais nous avons une grande chambre avec en plus une cuisine et une salle de bain : un petit appartement. C'est la technique du self-catering, très en usage dans ce pays, visiblement. Déjeuner dans un petit restaurant en terrasse le long de la rue principale : délicieuses sortes de crêpes fourrées. Beaucoup de monde ici pour passer le week-end dans cette région. 

La vallée de Fransckhoek 

Il nous reste toute l'après midi pour découvrir la région. N'ayant pas trop idée de l'excursion à mener, nous partons un peu à l'aventure sur la route. Nous empruntons un petit col. Les panoramas sur la vallée sont splendides. Vallées verdoyantes, montagnes arides, ciel bleu, cela me plait beaucoup. Nous prenons la direction du sud, vers Grabouw, traversons la N2, route principale qui va du Cap à Port Elizabeth en longeant l'océan, et arrivons à Gordon's bay, station balnéaire assez urbanisée. Nous y stoppons, pour y sentir l'ambiance.

Ce n'est pas spécialement select ; bâtiments sans beaucoup d'intérêt, genre Palavas. Nous marchons un peu sur la plage et le front de mer, avec quelques restaurants et des étalages en son long. Population mélangée d'estivants en short et casquette, de vendeurs noirs, indiens, malais. Nous quittons Gordon's bay pour repartir vers les terres. Je préfère de nouveau les paysages montagneux. Nous remontons jusqu'à Paarl, la ville la plus active de la région pour les vignes. sur les hauteurs de la ville, le monument Afrikaans Language, dédié à la langue Afrikaans. Oeuvre d'art aux lignes discutables mais donnant un superbe point de vue sur la vallée.

Le Afrikaans Language Museum à Paarl

Nous passons rapidement par la ville de Paarl qui ne présente pas beaucoup d'intérêt. Retour sur Fransckhoek en fin d'après midi. Après un petit tour au supermarché local, nous cherchons un restaurant. En ce dimanche soir, l'activité s'est considérablement calmée. Nous trouvons juste un restaurant ouvert avec une terrasse. Il fait doux, quelques clients. repas basique : un beef copieux accompagné d'une bière sud africaine. Retour à l'hôtel où nous dégustons sur le balcon un petit vin blanc acheté l'après midi. Zapping sur la TV sud africaine, aux programmes très américanisés. Dodo.

Lundi 14 février 2000 : le little Karoo.

Beau soleil au réveil. Les montagnes qui dominent la vallées sont enveloppées  de limbes de brume. Nous déjeunons dans notre chambre totalement équipée ! (frigo, cafetière). Nous prenons la route et stoppons à la sortie du village pour voir le monument élevé à la mémoire des huguenots, puis reprenons le col emprunté la veille. Nous profitons de nouveau de la superbe vue sur la vallée. Nous prenons la route vers le nord, en passant par Villiersdorp (ville à la population noire assez marquée, donc pauvre et assez triste), puis Worcester que nous contournons. La région traversée est beaucoup plus aride. Quelques grandes propriétés agricoles sur le chemin. Au loin, à l'horizon, toujours des montagnes. Nous arrivons à Robertson, où nous souhaitons faire une pause. Il s'agit d'une petite ville pimpante et commerciale. Nous marchons le long de la rue principale, à la recherche d'une terrasse pour se désaltérer. Rien de cela malheureusement mais nous trouvons une maison qui est en fait une galerie. Les nombreuses peintures, de peintres locaux, je pense, sont exposées. Des objets décoratifs divers, également. Nous remarquons des petites poteries joliment peintes, de plus soldées, que nous nous empressons d'acheter. On nous offre le café. Tout ceci est extrêmement sympathique, sauf que le café est assez imbuvable ! Les sud-africains semblent avoir un goût certain la décoration et l'art. Nous quittons Robertson pour Montagu, quelques dizaines de kilomètres plus loin. 

J'aime ce nom : Montagu. Cela a un goût très français ! Nous atteignons cette petite ville par une route assez encaissée et un petit tunnel qui l'a désenclavée à la fin du 19ème siècle. L'ambiance est ici assez calme et surannée. C'est une ville où se sont installés de nombreux artistes. Une artère principale quelques restaurants, galeries et hôtels, dans des maisons anciennes et typiques. L'église toute blanche se découpe dans le ciel bleu sur fond de montagnes. Tout ceci a vraiment beaucoup de charme. 

L'église de Montagu

Nous déjeunons dans une sorte de galerie - magasin de souvenirs - salon de thé, de délicieux sandwichs, toujours servis avec politesse et sourire. Nous reprenons la route pour l'étape suivante, qui se trouve à 250 km : Oudtshoorn. Le chemin à parcourir est assez long mais les routes sont si belles que l'on roule facilement à plus de 100 km/h. De plus, il n'y a personne sur les routes. De temps à autres, nous croisons un camion, un 4x4. Nous sommes ici dans la région du little Karoo, qui en fait, débute à l'ouest depuis Robertson jusqu'à Uniondale à l'est, soit une bande d'environ 300 km. En fait, je pense qu'il s'agit de ma région préférée, de ce que nous avons visité en Afrique du sud : paysages assez arides mais avec toujours quelques touches de végétation, légèrement valonnés, avec en toile de fond, toujours, une chaîne de montagnes souvent majestueuse. Nous aurons sillonnés d'ailleurs une très grande partie de cette région en voiture, ayant emprunté presque toutes les routes principales. Peu de villages et d'habitants sur cette distance : Barrydale, Ladismith et Calitzdorp, trop perdues pour avoir un grand intérêt à s'y arrêter. Sibylle décide de prendre le volant, pour s'entraîner un peu.

Autruche en pâturage près de Oudtshoorn 

Nous commençons à rencontrer des troupeaux d'autruches, la grande spécialité locale. Elles ont fait la richesse de la région, à l'époque où la plume était très exploitée. dorénavant, elles sont plutôt élevées pour leur viande, excellente. Les autruches sont d'ailleurs assez souvent dans un piteux état pour ce qui est de leur plumage : on sent bien qu'il ne s'agit plus de la préoccupation première !

  Nous arrivons à Oudtshoorn en fin d'après midi. C'est la capitale du Little Karoo. La ville est assez importante. Nous nous dirigeons en premier vers un B&B cité par le Lonely (La pension). Il s'agit une maison avec de nombreuses dépendances, et une petite piscine, dont nous ne profiterons pas, l'eau ne nous semblant tout de même pas très attractive. On nous propose une chambre assez mignonne, avec petit déjeuner pour 300 F. Nous ne chercherons pas ailleurs, les prix devant se tenir partout. Accueil très convivial. on nous offre bière et café à l'arrivée. La ville est étendue et nous mettons un petit moment à rejoindre à pied l'artère centrale, traversant une zone pavillonnaire. De très jolies maisons, souvent en bois, au look assez américain, mais souvent entourées d'une palissade surmontée de barbelés... Comme toujours, jusqu'à maintenant, nous rencontrons peu de noirs - à ce demander si nous sommes bien en Afrique... Après une ballade dans l'artère principale, large et aérée, avec quelques boutiques et restaurants, nous retournons à l'hôtel chercher la voiture. Nous préférons éviter de rentrer le soir, à pied, par toutes ces petites rues assez désertes... C'est dommage mais mieux vaut prévenir... Nous sommes d'ailleurs assez inspiré car la recherche d'un restaurant s'avère laborieuse. C'est le soir de la Saint Valentin et il semble que toute la population de Oudtshoorn se soit donné rendez-vous dans les restaurants de la ville. Partout, c'est complet... Nous trouvons finalement une table dans le restaurant le plus central de la ville, que nous n'avions pas vu en premier, en terrasse, à l'étage. Il fait doux, c'est très agréable. Nous décidons de faire un menu copieux et exploratoire : Sprinbok fumé en entrée, steak d'autruche en plat - c'est la région. Délicieux. Le tout, arrosé d'un vin rouge bien charpenté. L'addition pour ce moment agréable n'est vraiment pas trop salée. Retour au B&B pour un petit café à la terrasse de notre chambre et l'étude du programme du demain.

Mardi 15 février 2000 : vers Port Elisabeth.

Après un petit déjeuner très copieux, servi par notre hôte plein d'humour, nous prenons la route pour le col de Swartberg, qui relie le little Karoo au Karro, la grande région aride qui se trouve au nord. Ce col est réputé être un des plus impressionnants du pays, ce qui ne rassure pas Sibylle... Avant d'arriver au pied du col, nous passons devant toutes sortes d'attractions touristiques animalières : ferme des autruches, ferme des crocodiles, ferme des lapins angora... Bon, nous ne sommes pas fanatiques de ce genre de distraction et passons notre chemin. A l'approche de la chaîne montagneuse, la route devient une piste (tout à fait praticable) qui commence doucement à grimper. 

La montée ne s'avère pas trop difficile jusqu'au sommet, hormis quelques passages étroits et abrupts. Nous stoppons de temps à autre pour admirer la vaste plaine qui se trouve à nos pieds. La descente sera en fait beaucoup plus longue et impressionnante, de par la route et les paysages. La piste serpente d'abord sur une sorte de plateau et descend ensuite d'une manière plus raide, et même vraiment raide par endroit... Nous arrivons dans la vallée, très encaissée. 

Le col de Swartberg 

La roche rouge et brute de la montagne dessine des lignes et des courbes tourmentées. C'est superbe. Nous arrivons enfin à la fin de cette gorge et retrouvons un terrain moins mouvementé. La petite ville de l'autre côté du col est Saint Albert. C'est une petite ville paisible, avec quelques anciennes maisons. Nous stoppons pour profiter du beau temps à la petite terrasse de l'hôtel principal de la ville. Un magasin d'artisanat est installé dans l'hôtel ; nous y faisons quelques achats. Nous repartons vers l'est ; Klaarstroom et De Rust. Toujours une magnifique route, qui serpente dans une profonde vallée. C'est paysages me plaisent vraiment beaucoup. A De Rust, nous trouvons un petit restaurant pour y prendre une salade. Très familial, sur la pelouse du jardin, les proprio ont décoré leur jardin d'une manière très kitsch, dans le genre nain de jardin ! 

Les petites décorations en crochet multicolore décorant les toilettes sont un sommet de l'art... A partir de maintenant, nous allons toujours progresser vers l'est, en direction de Port Elisabeth. Uniondale, Joubertina sont les villes sur notre parcours. Nous quittons les paysages du little Karoo pour des panoramas plus classiques et possédant moins de charme. De plus, le ciel se couvre et des nuages très menaçants recouvrent maintenant les montagnes avoisinantes. Nous roulons, roulons, et Sibylle montre quelques signes d'impatience... Il est vrai que ce parcours n'est pas un des plus beaux de la région. A Kareedouw, à une centaine de km de Port Elizabeth, nous bifurquons vers le sud, afin de rejoindre la N2 qui longe la mer. Direction totalement inverse, nous reprenons la route Cap, vers l'ouest. De ce côté, entre la chaîne de montagne et la mer, la végétation est beaucoup plus abondante. La route est ici une autoroute, avec même une section à péage. Il nous faut trouver une étape pour la nuit. Cela sera Plettenberg Bay, station balnéaire marquant le début de la route jardin. La petite ville est une station très à la mode qui présente les caractéristiques d'une ville balnéaire, c'est à dire qu'on l'imagine vide hors saison. Nous sommes plutôt à mi-saison en ce mois de février puisque c'est le plein été mais pas la période des vacances. Nous trouvons une chambre dans un hôtel moderne au centre, fonctionnel et sans charme, pour 350 F avec le petit déjeuner. Installé et la voiture mise au parking, nous partons en ville, ce qui est une ballade assez limitée en fait. Nous nous rendons au SPAR, la chaîne de supermarché institutionnelle en Afrique du sud. Achat de diverses salades de traiteur et une bonne bouteille de vin : nous dînerons dans notre chambre en regardant la TV ! Tout ceci n'est pas très original mais nous sommes en fait un peu fatigué et le temps gris ne prête pas à la ballade. 

 

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