Brésil
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Vendredi 4 avril et samedi 5 avril 2003

 

18 heures, nous quittons l’appartement pour une nuit de voyage, demain matin, nous nous réveillerons en survolant la côte brésilienne. RER B, OrlyVal, toujours ce sentiment mélangé d’appréhension, de tension et d’enthousiasme lié au départ. Notre vol pour Madrid, avec Iberia, décolle à 20h30. Un peu moins de 2 heures après, nous atterrissons à Madrid pour une attente un peu ennuyeuse : l’aéroport n’est pas très plaisant, les boutiques ferment et nous devons attendre jusqu’à 0h45 le vol pour Rio. C’est d’ailleurs le dernier vol de la journée, qui conclut la liste d’affichage des départs. Nous sommes heureux d’enfin embarquer dans l’Airbus A340 d’Iberia, la fatigue pointant. L’avion est plein, il y a pas mal de Français. A 500 euros, ce vol semble être un des moins chers du moment sur la destination. Plateau repas et dodo, avec un petit somnifère. Première expérience avec Iberia, rien d’enthousiasmant, plutôt du genre service minimum. En classe économique, on sait bien qu’il ne faut pas s’attendre à des miracles, mais l’indigence du plateau repas est à oublier rapidement.

 

Lorsque nous nous réveillons, la lumière rasante et orangée du soleil matinal irradie la cabine à travers les hublots. En dessous de nous, la terre noire et encore endormie des côtes brésiliennes, sans doute vers Récife ou Bahia. Petit déjeuner et café noir pour émerger, et nous arrivons à Rio vers 8h00 du matin. Il fait déjà plus de 25 degrés et un ciel juste un peu nuageux. Les formalités de police et de douane n’en finissent pas, plus d’une heure et demie au total. Il y a beaucoup de passagers et peu d’employés. C’est particulièrement à la douane où le contrôle est tatillon. De nombreuses personnes se font fouiller leur sac ou leur valise. En fait, les douaniers recherchent, entre autres, les produits alimentaires, dont l’importation doit être interdite. Et c’est assez incroyable de voir ce que les Brésiliens en provenance d’Espagne peuvent ramener : fromages, charcuteries, par kilos ! Tout ceci est saisi et jeté dans une grande poubelle… quel gâchis ! des jambons fumés complets ! Nous passons sans fouille pour notre part les contrôles. Arrivé dans le hall de l’aéroport, je change une centaine de dollars et nous décidons de rechercher le comptoir de la TAM pour acheter nos billets pour Brasilia, pré-reservés de France. La TAM est installée dans un autre terminal et nous devons emprunter de longs couloirs pour l’atteindre. Achat des billets sans souci, au prix affiché sur internet.

 

Il nous faut maintenant rejoindre le centre de Rio. Nous déclinons les offres des employés des guichets de taxi qui nous interpellent (47 reals le voyage forfaitaire – moins de 15 euros) et nous rendons à l’arrêt de la navette aéroport à 7 reals. Il est plus de 10 heures lorsque nous roulons vers le nord et Rio, à une vingtaine de kilomètres. Autoroutes, banlieues industrielles et sinistres, mais au loin, le pain de sucre pointe. Venant du sud, on aborde la ville par le « Downtown », qui est peu animé, puisque nous sommes samedi. Puis le bus roule vers les plages, Copacabana, notre destination, puis Ipanema, Leblon. J’essaie de me repérer sur la carte de la ville ; il faut indiquer au chauffeur l’endroit où l’on souhaite descendre pour qu’il s’arrête. Nous arrivons enfin sur Copacabana, où se trouve notre hôtel. Le chauffeur nous dépose à la rue que je lui indique. Notre hôtel n’est pas en front de mer, je le savais en reservant. Il faut remonter trois blocs, perpendiculairement à la plage, pour l’atteindre. Il n’y a que quelques centaines de mètres. Notre hôtel, l’Atlantico Copacabana , est un immeuble moderne aux parois de verre, sans grand charme, d’une quinzaine d’étage. Pas de surprise, ma réservation, effectuée sur internet, a bien fonctionné. Nous nous installons dans notre chambre, correcte, avec tout le confort d’un trois / quatre étoiles.  J’ai payé 68 dollars par nuit, avec le petit déjeuner, pour cet hôtel, en utilisant le site www.hotelcentral.com, qui, dans l’ensemble, s’est révélé très sérieux dans le traitement des transactions. Ce n’est pas le choix qui manque à Rio, il y a des dizaines d’hôtels réservables par internet, le choix se fait un peu au pifomètre. J’ai choisi ici un des moins chers du site, dans cette catégorie. Une bonne douche s’impose avant de partir à la découverte de la ville. Petite caractéristique des salles de bain brésilienne, il y a rarement des baignoires, les Brésiliens préfèrent les douches ; ça tombe bien, moi aussi !

 

Nos premiers pas à la découverte de Rio seront donc à Copacabana, le long de la plage. Le front de mer est constitué d’une large plage, d’une promenade, de l’avenue Atlantico, à quatre voies et d’un front d’immeubles, d’architecture des années 60 et 70. Il n’y a pas énormément d’arbres, hormis quelques palmiers. Objectivement, en elle-même, le front de mer a moins de charme que la croisette à Cannes, ou même la promenade des anglais, à Nice, sauf qu’ici, la plage est de sable blanc. C’est bien sûr tout l’ensemble des plages et la configuration de la ville qui rend Rio exceptionnelle. La baie de Copacabana fait plusieurs kilomètres, en courbe, avec au sud, l’autre grande plage Ipanema, et au nord, le pain de sucre. Nous longeons une partie de la promenade et cherchons ensuite dans les rues adjacentes un endroit pour déjeuner. Nous jetons notre dévolu sur une petite cafétéria sur rue sans charme mais très propre, pas touristique du tout,  qui propose un menu à 8 reals (moins de 3 euros). On nous sert sur un plateau un véritable repas complet (avec salade, légume, viande et boisson), le prix nous impressionne. En plus, le personnel est très serviable. Cette toute petite première expérience est significative de ce que nous ressentirons du Brésil : un accueil correct et des prix très doux, ce qui constitue déjà un aspect très positif pour le voyageur.

 

Après déjeuner, des décisions s’imposent sur le choix de nos itinéraires de découverte dans Rio. Nous sommes samedi et nous quittons Rio mardi matin pour Brasilia, nous avons deux jours et demi. Nous décidons de nous rendre dans le centre ville, le quartier des affaires, au sud, avec comme objectif principal de visiter le musée des Beaux Arts. Pour y aller depuis Copacabana, une solution simple et pratique, le métro. Une ligne principale, qui part de Copacabana et qui remonte vers le nord. C’est un genre de RER en fait, par la taille, le design des voitures est un peu tristounet (multicolore délavé…), mais c’est très propre, fonctionnel, et pas surchargé. En plus, il n’y a pas de pub ! Il nous faut une quinzaine de  minutes pour rejoindre les stations du centre (Carioca). Le centre de Rio se présente comme une ville américaine, avec de nombreux immeubles de grande hauteur, très dépareillés et pas de la plus belle architecture,  mélangé avec des bâtiments plus classiques et rococo de début de siècle. Comme nous sommes samedi, l’activité y est réduite. Les guides déconseillent même de s’y rendre le week end, car il y a plus de risque qu’en semaine, lorsque les rues grouillent de monde. Objectivement, nous ne nous y sentirons pas en insécurité. Nous longeons l’artère principale, l’avenue Rio Branco, puis nous dirigeons vers le bord de mer, à quelques centaines de mètres de Carioca. Il y a ici plus de bâtiments anciens et d’églises. Ici, germe l’idée de prendre le bateau…

 

Le musée d'art contemporain de Niteroi

En effet, pour moi, venir à Rio, c’était obligatoirement voir le musée d’art contemporain de Niteroi, réalisation de Niemeyer de 1991. Bâtiment à l’architecture spatiale (une soucoupe volante, un ovni) dans un panorama extraordinaire. Je reviendrai dans mon récit concernant Brasilia sur mon goût pour Niemeyer. Je l’ai véritablement redécouvert lors de l’exposition qui lui était consacrée au musée du Jeu de Paume du 4 février au 31 mars 2002. C’est dans cette exposition que j’ai vu les photos surprenantes de ce bâtiment exceptionnel.

 

La ville de Niteroi, banlieue chic et résidentielle de Rio, se trouve de l’autre côté de la baie, à trois ou quatre kilomètres à vol d’oiseau. Un grand pont suspendu permet de s’y rendre, mais la solution du bac est la plus simple, adaptée et intéressante pour nous. L’embarcadère se trouve justement tout près de l’endroit où nous sommes. La traversée ne coûte quasiment rien. Le bac met moins d’une demi heure pour effectuer le trajet. Du bateau, on a une belle vue sur le centre de Rio, le pain de sucre et le Corcovado (le christ). De l’autre côté de la baie, on se trouve donc dans la ville de Noteroi. Je sais à peu près où se trouve le musée mais n’ai pas une idée exacte de la distance. Nous prenons donc un taxi pour nous y rendre. Heureusement, car il y a en fait deux ou trois kilomètres. L’arrivée au musée est pour moi une vrai émotion. Ce bâtiment à l’architecture si particulière, ambitieuse, on pourrait dire également prétentieuse, dans ce décor somptueux : la baie de Rio. Une rampe d’accès tout en courbes permet d’accéder au bâtiment proprement dit ; la « soucoupe ». A l’intérieur, une grande chambre centrale, sans ouverture, mais surtout, un couloir circulaire, qui en fait le tour, avec un grand vitrage oblique, qui donne une magnifique impression de paysage en cinémascope : c’est magique. Je ne me lasse pas de déambuler dans ce couloir, admirant la mer, et au loin, la ville de Rio et ses reliefs. Le temps est au beau, ce qui rend la carte postale encore plus belle. Question collection, pas grand chose à voir, cependant, c’est minimaliste. Juste une drôle de surprise : une collection de portraits, en fait des masques africains, peints dans des tons très contrastés et chauds, à la manière expressionnistes, dans un format proche du A4, et juxtaposés en damier au mur. Une « mauvaise » surprise, en fait, pour moi, puisque c’est exactement le projet que j’avais commencé à réaliser. L’artiste l’a déjà imaginé et réalisé au début des années 80… Ceci a de quoi me mettre de mauvaise humeur et me pousser à abandonner, alors que j’ai bien du mal à tenir un pinceau en ce moment…

 

Au sous sol du musée, une exposition sur Costa, l’urbaniste qui a dessiné les plans de Brasilia.

 Dernières photos et derniers regards sur le musée, un des moments forts du voyage pour moi, nous hélons un taxi qui nous emmène à l’embarcadère. Avant de prendre le bac, nous déambulons devant la gare maritime, où est installé un marché de babioles diverses, de disques et de vêtements : l’occasion de saisir nos premières impressions de foule au Brésil. Après la traversée, nous nous retrouvons de nouveau au centre et décidons de nous rendre au musée des Beaux Arts, grand bâtiment classique du 19ème, qui renferme une importante collection de peintures. La visite se révèle intéressante, et nous sommes surpris par le nombre d’œuvres de peintres français, la plupart inconnus pour moi. Une mission artistique française a en fait eu une influence importante au Brésil au 19ème siècle. Nous prenons un café dans le petit salon de thé aménagé dans un des corridors du musée. Un pianiste y joue sur  un vieux piano droit désaccordé quelques airs de musique classique. Lorsque nous quittons endroit, nous avons droit, est-ce un hasard, à une vigoureuse Marseillaise ; sans doute nous avait-il entendu parlé. Visite de la petite librairie qui ne dispose malheureusement pas du catalogue des collections.

 

Sorti du musée, comme nous sommes en fin d’après midi et que la fatigue du vol de nuit se fait sentir, nous décidons de rentrer à l’hôtel par le métro. Passage par le supermarché du coin de la rue pour faire quelques provisions, dont les peanuts pour notre petit rituel « apéro » des vacances. Pour cela, nous allons tester un petit vin blanc brésilien. Le Brésil n’est pas réputé pour la qualité de ses vins ; la bouteille que nous achetons, sans être imbuvable, confirmera cette réputation. Petit tour du supermarché pour également se faire une idée de la consommation ici. Pas de surprises, à quelques variantes locales près, cela ressemble fort à un supermarché bien de chez nous, avec tous les travers de la consommation mondialisée.

 

De retour à l’hôtel, je décide de faire un petit tour à la piscine, située sur son toit. Ce n’est pas un bien grand bassin mais c’est agréable de se rafraîchir au soleil couchant, en dominant la ville. Beaucoup d’hôtels un peu luxueux ont une piscine sur le toit à Rio. Apéritif dans la chambre en regardant les images d’Irak renvoyées par CNN et la BBC: les américains investissent le pays, que se passe-t-il exactement, au delà des images renvoyées par les TV américaines ; on se rappelle très bien la manipulation médiatique de la première guerre du glofe. A Rio d’ailleurs, nous avons vu le matin même des regroupements de personnes pour la paix, avec drapeaux et banderoles.

 

A 20h00 environ, nous quittons l’hôtel pour Copacabana, afin de dîner. La promenade n’est pas extrêmement agréable le soir. Certes, il y a des restaurants, mais pas de magasins et pas mal de circulation. Sur le terre plein central, se tient un petit marché plutôt touristique éclairé par quelques ampoules fonctionnant à l’humeur des groupes électrogènes. Il ne serait peut être pas prudent de marcher sur la plage à cette heure, celle-ci étant assez sombre. Nous marchons assez longtemps, atteignant presque la limite de Copacabana et d’Ipanema, la plage suivante, et nous installons à une terrasse de restaurant. Le personnel est pléthorique, il y a un serveur pour deux ou trois tables. Au vu des montants d’addition, ramenés à notre coût de la vie occidental, les salaires ne doivent pas être bien élevés. Nous dînons d’une viande et d’un poisson, avec quelques petits à côtés pour moins de 15 euros. C’est sans doute très cher par rapport au prix moyen brésilien.

Retour à l’hôtel, fatigué par cette longue première journée, mais satisfait puisque beaucoup d’éléments semblent conforter l’impression que le voyage sera agréable. Petite cure d’images d’Irak, qui tournent absurdement en boucle, et de TV5, la seule télévision francophone que l’on peut visionner un peu partout dans le monde, et qui rediffuse, entre autres, les journaux télévisés de France Télévision, puis dodo réparateur.

 

Dimanche 6 avril 2003

 

Lever vers 7h30, nous descendons prendre notre petit déjeuner au restaurant. Là, un buffet bien copieux nous y attend mais rien de très fin cependant. La salle de restaurant est très « early eighties» dans la décoration, ayant un peu mal vieilli. Nous nous interrogeons sur le programme de la journée. Le temps, ce matin, est plus nuageux, presque couvert. Nous décidons d’aller à la découverte des plages d’Ipanema et Leblon vers le sud, et du jardin botanique, réputé. Pour s’y rendre, nous allons tester le bus. Les bus urbains sont faciles à utiliser : la destination est indiquée au dessus du pare brise. On monte par l’arrière en donnant l’argent à un contrôleur. Nos guides prévenaient qu’il s’agissait d’une expérience intense ; surchargés, roulant à tombeau ouvert. Cela nous a paru exagéré, il n’y avait pas tant de monde que cela. Par contre, ils roulent effectivement plutôt vite. Pour se rendre de Copacabana à Ipanema, le bus prend des autoroutes urbaines et nous longe le lagon Rodrigo de Freitas, le petit lac intérieur entre les deux plages. Nous arrivons quasiment à l’extrémité sud d’Ipanema et remontons à pied vers le nord en longeant la mer. 

Comme nous sommes dimanche, une des deux voies de circulation de l’avenue du bord de mer est fermée à la circulation. Beaucoup de monde se promène donc, en vélo, en marchant ou en faisant du jogging. L’ambiance est vraiment très cool, et surtout, les Brésiliens ne sont vraiment pas complexés. On parle de ce pays, de cette société, comme glorifiant le corps. Il est vrai que l’on peut voir, de ci, de là, un homme ou une femme au corps sculptural, mais dans l’ensemble, le Brésilien nous a semblé plutôt bedonnant et surtout pas du tout ennuyé de le montrer, shorts, bikinis et tongues étant ici les éléments vestimentaires de base. D’impression générale, Ipanema est plus calme et plus aérée que Copacabana.

La plage d'Ipanema

 Les immeubles, plus discrets, moins prétentieux, participent sans doute à cette impression. Nous stoppons  l’une des multiples petites cabanes, le long de la plage, pour siroter le lait d’une noix de coco, boisson rafraîchissante par excellence (il fait plus de 30 degrés). Nous atteignons le petit promontoire entre les deux plages, d’où on a une belle vue, particulièrement sur le pain de sucre qui se dresse derrière Copacabana.

 

Pour se rendre au jardin botanique, il faut faire le trajet en sens inverse. Comme nous sommes un peu fatigués, nous décidons de héler un taxi : ceux ci, de toute manière, ne sont vraiment pas ruineux. La marche pour atteindre le jardin aurait de toute manière été longue et pas  très plaisante. Le jardin a été créé au début du 19ème siècle. Il rassemble de nombreuses espèces végétales mais est surtout un lieu de promenade frais et prisé par les habitants de Rio. Je ne suis pas fanatique de ce genre d’endroit mais la ballade est agréable tout de même. On note particulièrement une magnifique allée de palmiers, très élevés, plantés à la création du parc (donc bi-centenaires). Comme nous sommes en début d’hiver, il n’y a que peu de fleurs. La montagne, avec une forêt assez luxuriante, domine le parc.

Nous restons dans le parc une bonne heure puis reprenons un bus pour nous emmener de nouveau vers Ipanema. Il est maintenant l’heure de déjeuner, nous trouvons dans une rue transversale à la plage une sorte de restaurant cafétéria, plutôt de standing, avec une décoration originale. On peut y grignoter des petits plats, des salades et des pâtisseries. C’est très sympa et le personnel est serviable et dynamique. Nous reprenons ensuite la route de la plage, longeons de nouveau Ipanema, puis repassons à Copacabana, que nous allons parcourir sur presque toute sa longueur. Ceci fait globalement une sacrée balade !

 

Au nord de Copacabana, nous atteignons l’hôtel le plus important, le Méridien. C’est la tour la plus haute de la plage et un des hôtels les plus connus de Rio. Nous entrons dans le hall et visitons rapidement : je trouve que cela manque un peu de classe, un standing banal des années 70.

Comme l’après midi avance, nous décidons d’aller visiter un des hauts lieux de la ville, le pain de sucre. Des bus permettent sans doute de s’y rendre, mais j’ignore la destination à utiliser, nous prenons donc un taxi. Celui-ci nous dépose au pied du téléphérique. Il y a évidemment beaucoup de touristes ici, pas mal de Français d’ailleurs. Pour grimper en haut du pain de sucre, il y a en fait deux téléphériques indépendants, avec une plate forme intermédiaire. Le prix est assez élevé au regard de la prestation et du niveau de vie, c’est touristique , bien sûr. La grimpette se passe bien, mieux pour moi que pour Sibylle, qui souffre de vertiges en ces occasions… Elle n’est généralement pas copine avec les téléphériques ; celui du Cap, en Afrique du Sud, pour monter sur Table Mountain, lui avait déjà laissé un mauvais souvenir… 

 

La vue sur la baie, en haut du pic, est évidemment splendide. On embrasse du regard toute la ville, avec ses différentes plages. En face, le pic avec le Christ Corcovado. Dommage, le temps est assez nuageux et une brume épaisse encercle les petites montagnes qui entourent Rio. Mais il ne pleut pas, c’est au moins cela. Par grand beau temps, cette baie doit être carrément sublime. Au sommet, bien sûr, on trouve tout l’attirail nécessaire au touriste, avec des boutiques de souvenirs, un restaurant, etc…

Descente en deux étapes, avec un groupe bruyant d’asiatiques. Nous décidons de rejoindre le centre, où tout du moins une station de métro à pied. Mais la distance s’avère longue et les enchevêtrements d’autoroutes urbaines que nous devons contourner rendent le trajet peu plaisant. De plus, nous nous sentons assez peu rassurés dans ces espaces peu hospitaliers. Nous arrivons finalement à retrouver un bus, qui nous ramènera à Copacabana.

 

Nous sommes fatigués et rentrons à l’hôtel après quelques petites courses au supermarché.

Sibylle reste à la chambre et je retourne à la piscine, sur le toit, me détendre un peu. Arrive une petite mésaventure sans trop de conséquences mais qui aurait pu très mal tourner ; je glisse sur l’escalier en béton d’accès à la piscine, qui est mouillé. Belle pirouette et je me retrouve par terre un peu sonné, avec le sentiment immédiat d’une douleur au dos et au poignet. Fébrile, je redescend à la chambre faire constater les dégâts à Sibylle. Je me retrouve avec un magnifique hématome dans le dos et le poignet un peu froissé. Rien de trop grave mais le genre d’avatar qui aurait pu gâcher tout le voyage. On est jamais à l’abris d’une mésaventure de ce type en voyage. Il est nécessaire d’avoir, en ce cas, une bonne assistance. Nous courons dans le quartier à la recherche d’une pharmacie qu’on nous a indiqué à la réception de l’hôtel : c’est dimanche soir, presque tout est fermé. On me vend une pommade contre les hématomes et un peu de désinfectant, cela devrait suffire. Retour à l’hôtel, encore un peu inquiet des conséquences pour la suite du voyage, je souffre tout de même.

 

La soirée est définitivement gâchée lorsqu’un orage éclate, et des pluies torrentielles s’abattent sur la ville. Nous venions de voir sur TV5 que le grand prix de formule 1, qui se déroulait l’après midi à Sao Paulo, avait été littéralement noyé par les pluies. Et bien, c’est la même sauce qui est servie ici quelques heures plus tard. Le spectacle dans la rue est impressionnant, il y a maintenant 30 centimètres d’eau sur la chaussée, les piétons, les voitures et les 2 roues font ce qu’ils peuvent pour avancer. Il est même devenu dangereux de sortir pour trouver un restaurant, nous décidons donc de manger à celui de l’hôtel. Bien sûr, cela ne sera pas le repas le plus plaisant du voyage. La salle est quasiment vide, triste et on nous sert des plats assez ordinaires pour le prix. Mais, dehors, la pluie ne s’arrête pas. Nous remontons donc à notre chambre pour terminer par une soirée TV, avec, comme hier, les images confuses de la guerre en Irak. Je suis un peu inquiet pour demain, car nous devons monter au Corcovado, et s’il pleut toujours ainsi, l’excursion est compromise.

 

Lundi 7 avril 2003

 

Troisième et dernier jour à Rio avant notre départ pour Brasilia. Je me lève, toujours endolori suite à ma chute d’hier mais le mal est superficiel, je devrais pouvoir me balader sans trop y penser. Je cours à la fenêtre pour regarder la couleur du ciel : nuageux mais avec des trouées de ciel bleu : bon signe pour notre excursion. Il fait déjà chaud. La rue est déjà active, c’est lundi matin, les gens travaillent de nouveau aujourd’hui. Nous descendons déjeuner et quittons l’hôtel rapidement. Pour se rendre au Corcovado, nous décidons de prendre la solution taxi. C’est effectivement assez éloigné et un peu difficile par les transports en commun. Il s’agira effectivement d’une longue course. Pour accéder au Christ, on peut monter au sommet en voiture ou prendre un funiculaire, solution plus touristique évidemment. C’est celle-ci que nous choisissons. Comme pour le pain de sucre, le prix est relativement élevé. De nombreux touristes américains en groupe sont installés autour de nous, dans le petit train, très bruyants. On se sent un peu mal à l’aise, comme Français, en cette période de désaccord franco-américain. Le train grimpe très fort à travers une végétation assez luxuriante. La pluie, tout d’un coup, se met à tomber. Arrivé au sommet, heureusement, le ciel est nuageux mais pas bouché et il ne pleut plus. La montagne culmine à 700 mètres d’altitude et la grande statue du Christ rédempteur, qui la couronne, mesure 38 mètres. Elle a été inaugurée en 1931. Inutile de préciser que, d’ici, la vue est splendide ; encore plus complète que depuis le pain de sucre.

 

 

Vue panoramique sur Rio depuis le Corcovado

 

Le temps incertain gâche sans doute ce panorama extraordinaire. On voit d’ici toute la ville de Rio. Nous restons ici une bonne demi heure puis redescendons avec le funiculaire. Les points immanquables de Rio étant découverts, nous allons maintenant nous laisser conduire un peu plus au feeling dans la découverte de la ville. Nos décidons en premier lieu de nous rendre dans un grand centre commercial que nous avions remarqué hier vers le pain de sucre, pour ce faire une idée plus approfondie de la consommation brésilienne. Un bus urbain va nous y emmener. Il y a aujourd’hui plus de circulation que le week end, bien sûr et le bus avance assez lentement. Le centre commercial présente en fait des boutiques au look très occidental, genre Gap ou Zara, mais les marques sont locales. En matière de vêtements, les prix sont très attractifs et il y a des choses originales. Nous pensons à nos filles mais nous manquons finalement de courage et d’inspiration pour faire réellement du shopping. Comme il est midi passé, nous décidons de manger dans un de ces restaurants où l’on paie la nourriture au poids. C’est vraiment une solution très avantageuse, surtout pour nos porte-monnaie occidentaux. Le choix est ici particulièrement important et le repas avec la boisson revient finalement à moins de 5 euros.

 

La visite d’un centre commercial n’étant pas une fin en soi, nous décidons de partir visiter un petit musée, dont j’avais relevé l’intérêt sur les guides : le musée Characa do Ceu. Il se trouve dans le quartier Santa Teresa, proche du centre, recouvrant une colline qui domine le centre de Rio. Afin de ne pas perdre de temps, nous prenons à nouveau un taxi. La route est très longue car ce sont des petites rues qui grimpent et tournicotent sur la butte. Je me demande aussi si le chauffeur ne nous balade pas un peu. Le musée est installé dans une superbe villa, d’architecture moderne, mais sans doute d’avant 1950. C’est une collection privée d’un ancien homme d’affaire très riche, qui regroupe des antiquités et des toiles de très grands artistes (Monet, Picasso, Dali, Vlaminck…). Les œuvres sont installées avec le mobilier, tels qu’elles devaient être à l’époque. De nombreuses bibliothèques, avec des livres anciens, pour la majorité en Français. J’adore visiter ce genre de villa appartenant d’anciens richissimes collectionneurs, un peu surannées, où le temps c’est arrêté, mais avec une âme et profond goût artistique. 

 

Autour de la maison, un petit parc, avec une végétation luxuriante, espace de fraîcheur dans la ville. De ce parc, on a une belle vue sur le centre de Rio. A côté du musée, se trouve le parque das Ruinas, une ancienne maison d’une riche héritière, où se rendait le tout artistique et culturel de Rio à l’époque. La maison est en ruine mais restaurée en partie avec un café néo-moderne, hélas fermé lors de notre visite. Nous repartons de cet endroit très reposant à pied, jusqu’au petit tramway qui dessert la colline, le bondinho de Santa Teresa. Nous l’avons vu en arrivant, il est très ancien et bringuebalant, un peu dangereux parait-il à cause des pickpockets. Le quartier est assez résidentiel, avec d’anciennes belles demeures, hélas un peu défraîchies et abandonnées : cela avait dû être un quartier chic il y a quelques dizaines d’années. Arrivés à la gare du tramway, nous grimpons dans un petit minibus qui rejoint le centre, une erreur de ma part finalement, le retour en tramway aurait sans doute eu plus de charme.

Le centre de Rio et la cathédrale

Nous nous faisons déposer pas très loin de la cathédrale. La cathédrale de Rio est d’une architecture moderne assez étonnante : une forme pyramidale, en hexagone à la base. Elle a assez mal vieilli. L’espace intérieur est immense et l’on retient principalement les vitraux, qui constituent en fait les parois de l’édifice. Nous marchons ensuite à nouveau dans le centre, sur l’avenue Rio Branco, très animée cette fois-ci, puisque c’est lundi, et que tout le monde travaille. Nous nous arrêtons à une terrasse, près du théâtre national, pour nous rafraîchir et regarder la ville et les gens. A cet endroit, l’avenue forme une place, avec des mélanges d’architecture contrastés : bâtiments rococo et tours des années 60 : sans être vraiment beau, j’aime ces assemblages constitués par le temps.

Le soir arrive, nous reprenons le métro jusqu’à Copacabana et notre hôtel. Dernier petit apéritif à la chambre, je me passerai ce soir de la piscine, qui me laisse encore un souvenir un peu douloureux. Nous irons dîner chez Manoel et Joaquim, pas très loin de notre hôtel, quasiment sur l’avenue de la plage, l’avenue Atlantica, dans une adresse recommandée par le Lonely. Nous serons un peu déçu cependant par la spécialité de la maison, des crevettes frites au fromage… Petite ballade sur Copacabana avant de rejoindre l’hôtel, pour y préparer nos affaires, le départ étant assez matinal demain matin. Séance télévision, avec les mêmes images, toujours confuses, de l’Irak qui ne résiste guère à l’avancée des troupes américaines et anglaises.

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