Sri Lanka

Lundi 16 août 1999 : Le centre montagneux et la ville de Nuwara Eliya

Lever 7h00 et petit déjeuner. Nous réglons l’hôtelier, satisfait de notre séjour à Kandy, dans cette petite auberge bien sympathique. Avant de quitter la ville, je dois aller à la banque pour retirer de l’argent. Difficulté de stationner. Je trouve la banque et même un distributeur (avec plusieurs langues dont le français), qui me délivre une somme importante sans rechigner. Toujours l’angoisse de se faire avaler sa carte dans ce type de pays. Nous passons ensuite par la case poste, pour envoyer nos premières cartes postales. Nous prenons la route de Nuwara-Eliya : il s’agit de la région montagneuse, recouverte en grande partie des plantations de thé. La route commence rapidement à grimper et les premières plantations font leur apparition.

Notre chauffeur nous arrête dans une plantation pour une visite de l’usine de conditionnement du thé. Dégustation et achat. Nous reprenons ensuite la route, traversant au passage des petits villages où la population est en majorité tamoul. Beaucoup d'entre eux travaillent ici, dans les plantations. Ils sont, paraît-il, assez différents des populations tamoul qui vivent dans le nord et l’est du pays. Toujours est-il qu’ils ne semblent pas vivre richement. Cueilleur de thé ne doit pas être un métier bien rémunérateur. La grimpette continue et Ananda coupe la climatisation. Le temps est maintenant plus nuageux. Le versant des montagnes est dessiné de terrasses couvertes de théiers, à la couleur vert bronze. Nous stoppons dans une auberge, qui semble être l’étape obligée de toute la gente touristique motorisée qui prend cette route. Repas quelconque et cher (pour le pays) mais vue imprenable sur les grandes montagnes environnantes et les cascades. La route ensuite continue de grimper, si bien que nous atteignons le plafond de nuage et la brume. Le thé, à cette altitude, pousse toujours, à ma grande surprise. Dans cette luminosité brumeuse et fraîche, qui nous rappelle nos Vosges natales, des femmes en sari font la cueillette. Et nous montons toujours, pour atteindre finalement 1900 mètres d’altitude et la ville de Nuwara-Eliya. Il s’agit de la station climatique la plus prisée au Sri Lanka. Toujours fraîche, il y pleut 200 jours par an. Elle a un charme très british, avec son golf, ses cottages et ses jardins. Beaucoup d’hôtels sont installés ici, de l’auberge au palace colonial. Nous jetons notre dévolu sur une belle maison, de type anglais, où nous avons une jolie chambre au parquet ciré et une cheminée à l’âtre, avec deux grands lits et une salle de bain moderne, où ne coule que de l’eau froide…

thé de ceylan

Plantations de thé

Nos sacs déposés, nous partons pour le centre. La ville n’est pas bien grande mais animée, avec beaucoup de petits commerces dans la rue principale. L’ambiance, de part le climat, est assez différente ici. Après une ballade d’une bonne heure, Armance sur les épaules, nous rentrons à l’hôtel. Nous regardons un peu la télévision, découvrant les programmes Sri Lankais (pas une référence…), buvons une bière avec Ananda et dînons au restaurant de l’hôtel. Les service est d’une lenteur navrante et la nourriture pas terrible. Pourtant, le routard présentait ce restaurant comme une bonne adresse. Première nuit emmitouflés sous nos couvertures. Nous avons quand même installé la moustiquaire au dessus du lit d’Armance. Nous dormons bien.

Mardi 17 août 1999 : descente des montagnes jusqu'à la côte sud et Tissamaharama.

Lever à 7h00. Il fait frais et la douche est froide… Petit déjeuner interminable ; il faut un temps infini pour obtenir un café et quelques toasts. Nous quittons Nuwara-Eliya pour le sud de l’île. Nous ne nous rendrons pas dans la réserve de Horton Plains et au pic d’Adam, région de montagnes sauvages et somptueuses. C’est sans doute dommage mais ce n’est pas la meilleure saison et comment envisager des randonnées avec Armance, qui veut être portée au bout de 500m. Le temps est beau alors que hier, nous étions dans la brume et l’humidité. La route va se mettre à descendre. Sur notre parcours, beaucoup de cultures ; des plantations de thé mais également d’autres plantes, céréales, légumes. Ici encore, tout à l’air de pousser très rapidement. La terre semble riche et grasse. Comme la végétation. L’agriculture est ici l’activité dominante. Peu d’élevage par contre. La route n’en fini pas de descendre en serpentant le long de la montagne. Après une heure de route, Ananda rétablit la climatisation. Nous ne sommes éloignés de la côte que d’une centaine de kilomètres mais il nous faudra une toute la matinée et même l’après-midi pour rejoindre Tissamaharama, au bord de l'océan indien. Sur notre parcours, quelques petites villes et villages à voir. Nous nous arrêtons à Ella, pour boire un coca dans une resthouse qui domine d’une manière magistrale une grande vallée. Puis, nous passons prêt d’une grande cascade, d’un intérêt tout de même mineur, qui ne justifie pas l’arrêt proposé par Ananda. Nous arrivons dans la plaine. La nature se modifie radicalement. La végétation grasse est remplacée par des arbres moins fournis, des taillis. Au fur et à mesure de notre avancée, une impression de sécheresse se développe. Nous stoppons à Buduruvagala, immense rocher où sont sculptées sept figures de cinq à dix mètres de haut, datant du 10ème siècle. Nous sommes urpris par la chaleur en sortant du véhicule. Petite ballade agréable pour atteindre le rocher. Nous devons nous déchausser pour nous rapprocher des sculptures. La pierre est brûlante. Il n’y a personne d’autre que nous sur le site. Nous reprenons la route jusqu’à la ville voisine, où nous nous arrêtons dans une gargote pour manger. On nous sert quelques rouleaux épicés et beignets. Tout ceci est quasiment immangeables, nous avons le feu dans la bouche. Nous nous rabattons sur des galettes de pain. Nous reprenons la route et traversons une région de plus en plus aride. Les arbres sèchent sur pied et le paysage est assez désolé. Il y a ici un manque d’eau évident. Nous sommes dans le sud – sud est du pays. C’est la fin de la saison sèche, et donc le pire moment de l’année. Mais l’état de la nature indique que le manque d’eau est inhabituel. Ici, la population semble encore plus pauvre. Les maisons ne sont parfois que des cabanes. Tout est en piteux état, délabré.

C’est la région la plus triste du Sri Lanka que nous aillons traversé. Quel contraste avec les terres riches des montagnes que nous avons quitté le matin ! nous arrivons en début d’après midi à Tissamaharama, ville assez peu structurée comme beaucoup de bourgs et villages dans ce pays. Nous jetons notre dévolu sur un hôtel confortable…et cher. 200 F la nuit. Mais nous avons une très vaste chambre, avec deux grands lits, la climatisation, une salle de bain correcte, le tout très propre, et un patio en terrasse très agréable, avec des fauteuils pour lire. Nous nous reposons un peu puis partons en fin d’après midi pour Kataragama, ville sacrée, où ce déroule un pèlerinage annuel très spectaculaire par les rites pratiqués. Flagellation, mortification, etc. Nous ne sommes pas dans la période du pèlerinage mais l’activité est tout de même intense. Le site n’a guère d’intérêt pour ses monuments ou ses sculptures mais justement pour les pèlerins.

Plateaux d'offrande à acheter

 

Apéritif d'arrack et de poissons grillés avec Ananda

On sent ici une profonde ferveur religieuse. Les gens viennent de tout le pays, pour faire une offrande. Cette offrande est constituée d’un plateau de fruits et de quelques fleurs, souvent imposants. Toute cette quantité d’aliment pourrit plus ou moins ou est consommée par les nombreux singes présents ici. Les gens font la queue plus d’une heure pour déposer leur plateau dans le temple. Nous aimons beaucoup cet endroit, très authentique. Il s’en dégage une atmosphère étrange. Nous sommes par contre ici les seuls touristes. Retour à l’hôtel, et là, surprise, Ananda nous amène une assiette de poisson grillé, dans le patio, pour accompagner notre apéritif. C’est du poisson d’eau douce, péché dans le lac tout proche de l’hôtel. C’est délicieux, avec l’arrack mélangé au coca. L’arak est ici un alcool à base de noix de coco qui n’a rien a voir avec l’arack anisé que l’on trouve au moyen orient. Après cet agréable moment, nous passons au restaurant, conventionnel, où nous mangeons une nourriture correcte, sans plus. La nuit est assez bonne, nous n’utilisons cependant pas la climatisation .

Mercredi 18 août : La côte jusqu'à Mirissa.

Nous quittons l’hôtel à l’heure habituelle, après un petit déjeuner copieux. Nous pensions longer à partir de maintenant la côte. Ce n’est pas le cas, mais le paysage en vaut la peine. Nous sommes en train de quitter la région sèche, et avec une très grande rapidité, la nature se modifie. De nouveau, beaucoup de verdure, des palmiers, des champs de riz irrigués. Nous décidons de bifurquer de la route principale pour nous rendre à un monastère se situant à une quinzaine de kilomètre à l’intérieur des terres. La route, pas exceptionnelle, se transforme finalement en un chemin de terre assez difficile sur les derniers kilomètres. Nous sommes pourtant dans une zone habitée, beaucoup de maisons de paysans le long de la route. Le monastère de Mulgirigala est un des plus anciens de l’île, et assez en dehors des parcours touristiques. Ananda n’y est jamais venu. Et c’est une excellente surprise. Il s’agit d’un rocher, comme Sigiriya, en plus petit tout de même. Un escalier permet de grimper vers des grottes aménagées dans la paroi, un peu comme à Dambulla. Celles-ci nous semblent encore plus intéressantes. Les plafonds sont peints avec des couleurs très chaudes. De nombreuses statues de Bouddhas, dans toutes les positions et toutes les tailles, peintes également le plus souvent de couleur orange. Quatre ou cinq grottes, de dimension variable, avec chacune leur particularité. Je termine la visite seul, Armance et Sibylle restant sur la première terrasse, car les escaliers sont vraiment très raides. Je ne suis pas tout à fait seul en fait, puisqu’Ananda, qui découvre le site nous accompagne, et un homme nous accompagne et nous guide. La vue depuis le haut du rocher est splendide sur la campagne environnante, qui prend ici la forme d’une jungle épaisse.

Nous rejoignons la côte et reprenons la route vers l’ouest, en direction de Colombo. Nous traversons un petit port avec ses barques de pêcheurs et découvrons l’océan indien très agité en cette période. Plus loin, nous stoppons dans un temple, assez moderne et à l’intérêt limité, à Dikwella. Hormis un Bouddha moderne de cinquante mètres de haut, on peut voir une représentation de l’enfer totalement kitch, avec des peintures et des sculptures très naïves de personnages trucidés par des diables. D’un mauvais goût assuré. Nous souhaitons trouver maintenant une petite plage calme pour se reposer une journée. Les guides nous indiquent Mirissa, une plage qui est préservée de l’ardeur des promoteurs. Sur cette plage, un hôtel important, en fait constitué de nombreux bungalows. Sans doute un endroit agréable il y a quelques années, il semble s’être transformé en une vaste entreprise commerciale, perdant ainsi l’intérêt du lieu. On nous y propose une chambre petite et sombre, tout prêt du restaurant. Je refuse. Ananda se trouve obligé de ressortir le minibus de la cour, qu’il avait presque garé.

Petit village de pêcheurs

Nous longeons de quelques dizaines de mètres la route. Un autre groupe de bungalows, plus petits. Je visite. C’est triste et sommaire, pas très convaincant. Et puis, une femme sur la route nous hèle. Derrière sa maison, quatre bungalows. Je vais visiter : c’est mignon comme tout, sous les palmiers, propre, calme et la plage est à dix mètres. Le tout pour 50 F. Exactement ce que je cherchais ! Il n’est pas dans les guides (ni routard ni Lonely Planet) et c’est tant mieux ! Nous nous installons dans notre petit bungalow, le plus proche de la mer, avec sa terrasse devant. Une moustiquaire un peu trouée que je remplace par la nôtre, un unique lit mais très large. Une petite salle de bain rudimentaire mais propre.

Notre bungalow de Mirissa

Ananda abandonne ici son véhicule. Nous décidons de rester toute la journée du lendemain. Il va donc repartir chez lui, à Kalutara, sur la route de Colombo. Deux ou trois heures de bus. Sa petite fille s’est rétablie, à priori. Nous partons à la plage. Le ciel est dégagé, il fait bon. La baie n’est pas très grande mais bien préservée de toutes constructions. Juste des palmiers et du sable blanc. Par contre, l’océan est vraiment agité ; au loin, les vagues font au moins trois ou quatre mètres de haut avant de se casser. Il serait dangereux de s’aventurer trop loin du rivage. Nous nous baignons quand même avec Armance, qui est très heureuse, un peu apeurée quand même par les vagues. Il y a peu de monde sur la plage. C’est un petit bout de paradis. La nuit tombante, nous sommes sans électricité, ou presque. Juste un filament brillant dans les ampoules. Notre hôtel dispose d’une petite salle de restaurant pour les quelques hôtes. Nous avions commandé l’après-midi le repas du soir. Des prix très doux. Nous nous voyons à peine sous cette véranda, malgré l’éclairage d’appoint. Nous sommes un peu dubitatif sur le déroulement du repas et de la soirée dans cette obscurité. Mais miracle, le courant revient d’un coup et des néons et ampoules s’allument de toutes parts ! Des lampions colorés éclairent même le chemin qui mène à la plage. Nous sommes rassurés. Le repas s’avère simple et bon. Nous couchons Armance et nous nous faisons servir notre café à la terrasse de notre bungalow, agréablement installés dans nos fauteuils, écoutant l’océan grondant dans la nuit. Il fait doux et c’est très agréable. Petit moment privilégié, qui rappelle une autre île, celle de Tioman, en Malaisie, où nous avions séjourné dans un bungalow similaire sur une plage couverte de palmiers. Nuit assez agitée, avec le bruit des vagues.

 

26 décembre 2004 : après le tsunami, ce petit coin de paradis, dont de nombreux internautes m'ont demandé les coordonnées, ne doit plus être qu'un champ de ruines, hélas. Et la mort a sans doute frappé ici, comme sur toutes les côtes Sri lankaises.

Jeudi 19 août : Mirissa.

Journée plage et bulle. Nous ne bougerons pas de Mirissa. L’activité de la journée consistera à dormir sur la plage, se baigner un peu, faire des châteaux de sable avec Armance. La journée est belle et chaude. Les palmiers et le sable blanc donnent à cette plage un petit air de paradis. La journée s’écoule lentement. Pour le soir, nous commandons un poisson grillé. Notre hôtelier, qui se révèle un excellent cuisinier, nous sert un gros poisson délicieux. Il est très vif et organisé, seul avec sa femme, il arrive à servir tous les plats commandés, tous différents, en très peu de temps, à la dizaine de pensionnaires présents. Cela change du service parfois lymphatique de certains hôtels... Café sur notre petite terrasse, regrettant un peu de ne pas rester ici un jour de plus…

Vendredi 20  août : Galle et Unawatuna.

Nous quittons notre petit paradis avec regret (j'y serais volontiers resté une journée supplémentaire). Nous n'allons faire que quelques dizaines de kilomètres pour nous installer à Unawatuna. Il s'agit d'une petite station balnéaire, qui, à la différence des autres, ne se trouve pas au bord de la route, ce qui la rend plus calme. Nous y trouvons un hôtel, constitué d'un ensemble de bungalows, cependant pas au bord de la plage. Le bungalows est sympa, assez bien décoré, avec beaucoup de fleurs et un petit jardinet devant. Cependant, c'est le seul bungalow habitable, les autres étant tous en réfection. Nous sommes en fait les seuls clients, ce qui nuit un peu au service...

Les bagages déposés, nous partons pour la ville de Galle, toute proche. Il s'agit d'une ville de 80000 habitants, constituée de deux parties ; la ville moderne, sans intérêt, et la ville ancienne, contenue dans le fort. c'est la partie intéressante de la ville. Les Portugais et les Hollandais l'occupèrent dès le XVIème siècle. Le fort ressemble un peu à ce que fit Vauban en France, les murailles se dressant  dans la mer. c'était un grand port, dont le déclin correspond à la construction du port artificiel de Colombo au XIXème siècle. On ne peut pas dire que la ville soit vraiment belle. Les bâtiments sont décrépis, gris et écaillés par l'air marin. Mais il se dégage un charme particulier empreint de nostalgie. Les bâtiments coloniaux sont encore nombreux : des églises hollandaises, en bien piteux état extérieur, avec à leur pied des petits cimetières avec des tombes anciennes, certaines du XVIII ème siècle. des bâtiments administratifs et commerciaux hollandais également, reconvertis bien sûr à d'autres occupations actuellement (tribunal, etc...). Ananda nous laisse à l'est de la ville et nous allons faire le tour des remparts dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, pour une ballade d'une heure environ.

Église hollandaise à Galle

Tout au bout de la forteresse, à la pointe sud, la mosquée, ancienne église reconvertie nous semble-t-il. Nous en profitons pour passer à la banque of Ceylan pour changer un peu d'argent pour la fin du voyage. Le temps est nuageux, ce qui rend la ville encore un peu plus mélancolique. La visite n'est pourtant pas désagréable. De retour au minibus, nous allons avec Ananda à l'hôtel New Oriental, le palace colonial de Galle, pour profiter d'une boisson dans le grand salon. Parquet sombre et gros ventilateurs, le charme est réel. Nous quittons Galle pour retourner à Unawatuna. Ananda pose son véhicule à l'hôtel et part en bus chez lui jusqu'à demain matin.

Plage à Unawatuna

Nous restons ici cet après midi. Un quart d'heure pour rejoindre la plage. C'est le début d'après-midi. Nous mangerons dans un restaurant les pieds dans l'eau, bon et pas trop cher, surprenant pour le lieu. Unawatuna fut sans doute une plage paradisiaque. La mer, même durant la mousson, est assez calme car des récifs stoppent les vagues à quelques dizaines de mètres de la plage. Cependant, le tourisme a entraîné un développement anarchique : Pas de grands bâtiments, d'hôtels confortables, mais de nombreuses cabanes, bungalows, souvent disgracieux. Heureusement, les palmiers sont encore là pour rendre l'ensemble supportable. Les touristes sont aussi ici plus nombreux. C'est très cosmopolite. Ambiance néo-baba-grunge-teutonne, ce qui n'est pas notre tasse de thé... bon, on se trouve quand même une place sur la plage pour étendre nos serviettes, supportant de temps à autres les sollicitations des beach boys, qui veulent nous vendre tout et n'importe quoi. L'après-midi se passe ainsi, entre bain de mer et bain de soleil, avec une petite ballade le long de la baie et la visite du promontoire qui la domine. Vers 18h00, nous retournons au bungalow puis, après douche et arrack (ne pas perdre les bonnes habitudes !), nous repartons vers la plage pour dîner. Sans idée précise sur le lieu - nous n'avions rien remarqué d'exceptionnel l'après midi - nous bifurquons vers l'autre côté de la plage, que nous n'avions pas vu, et trouvons finalement un restaurant fort plaisant, lui aussi sur la plage, mais plus cossu que notre cabane du midi. Repas correct et agréable, au bruit des vagues. La nuit sera assez bonne, sauf que nous seront réveillés par des gouttières sur notre lit, suite à une grosse averse. Je comprends mieux les travaux effectués sur les autres bungalows !

Samedi 21 août : Bentota.

Lever à 7h00 et petit déjeuner dans la salle de restaurant, au milieu des outils et des meubles en cours de déménagement. Bon, le petit déjeuner n'est quand même pas mal. Nous nous rapprochons de Colombo. Nous partons à 9h00 pour Ambalangoda. La ville est connue pour ses fabriques de masques rituels, typiques du pays. Nous nous arrêtons dans un magasin recommandé par le routard. Bien sûr, c'est l'étape touristique par excellence mais c'est nous qui l'avons choisie, et sans regret. D'abord, parce que les masques fabriqués ici sont nettement plus beaux que ce que nous avons vu ailleurs. Nous en achèterons d'ailleurs un, tête sculptée de diable avec un paon sur chapeau. Deux autres modèles très répandus ; le diable aux cobras et le masque de feu, tête de diable avec des flammes. Ces masques sont bien sûr peints à la main, dans des couleurs très chatoyantes. Nous en profitons pour faire le plein d'autres petits cadeaux ; éléphants et tortues en bois, marionnettes, boîtes... Ce magasin propose un assez bel artisanat.

Nous reprenons la route pour Bentota, station balnéaire sise à quelques kilomètres de là. Il s'agit ici d'une ville dédiée au tourisme de masse. les hôtels sont importants, la côte est très urbanisée. Nous trouvons un hôtel assez rapidement, moderne et sans cachet particulier mais très confortable et propre, à la limite du 3 étoiles, pour 150 F. Le personnel est avenant et sympathique. Nous déposons nos sacs et nous partons pour Brief Garden, dans l'arrière pays. Il s'agit de la maison d'un architecte et paysagiste Sri Lankais très connu dans son pays, décédé en 1992. Cette maison est conservée en l'état et ouverte au visiteurs. Il est déjà difficile d'y accéder. Nous traversons pour cela une campagne luxuriante, avec ses scènes paysannes toujours intéressantes. La maison est plantée dans un jardin très bien entretenu, luxuriant lui aussi. Nous parcourons les sentiers, au milieu des fougères et des bambous géants. La visite de la maison se révèle également très intéressante. Artiste, collectionneur, cet homme avait organisé son intérieur d'une manière très agréable, avec des meubles de valeur et de nombreuses œuvres d'art (gravures, peintures, sculptures, etc...). A de nombreux signes très orientés dans la décoration de sa maison, on peut supposer que l'homme était homosexuel, l'anatomie de la sculpture d'éphèbe prés de la salle de bain confirmerait cette hypothèse !

De retour à l'hôtel, Ananda nous quitte pour retourner chez lui. Je pars avec Armance de l'autre côté du fleuve avec un petit bateau à moteur de l'hôtel. Il y a là une bande de terre et derrière, l'océan. Celui-ci est déchaîné, le temps tourne à l'orage. Nous nous promenons quelques minutes avec Armance sur la plage, où il y a peu de monde. De retour à l'hôtel, nous devrons rester dans la chambre, car une bonne averse tropicale vient d'éclater. Le repas du soir sera servi dans la grande salle de restaurant vide. Nous sommes ici aussi les seuls clients. Ce n'est pas encore la saison. Le serveur nous explique que dans trois mois, l'hôtel sera plein. Nuit agréable, pas trop chaude, toujours bien sûr sous nos moustiquaires.

Dimanche 22 août : retour à Colombo.

Après un copieux petit déjeuner, nous quittons à neuf heures l'hôtel. La route est de plus en plus chargée et la conduite de plus en plus dangereuse. Aujourd'hui, il y a un match de cricket à Galle ; l'équipe d'Australie contre l'équipe de Sri Lanka. C'est l'effervescence. C'est le sport le plus populaire ici. Et le Sri Lanka fut le pays champion du monde l'année précédente. De nombreux supporters survoltés, venant de Colombo, ont investis bus et voitures particulières pour se rendre, en sens inverse de nous, à Galle. Nous allons jusqu'à Kalutara, grande ville avant Colombo. C'est ici que Ananda habite. Il nous a proposé de nous rendre chez lui pour voir sa famille. Nous stoppons avant dans un magasin d'habillement, assez moderne et achalandé, pour acheté quelque chose à ses enfants. Puis, nous arrivons chez lui. Sa maison est vaste et claire. Un grand living autour duquel sont distribués les autres pièces. Sur un buffet, de nombreuses photos de famille, dont son frère décédé. Une télévision et un magnétoscope. Bien sûr, ce n'est pas le grand luxe mais comparativement à un intérieur Sri Lankais moyen, c'est tout à fait correct. Il appartient bien à cette classe moyenne dont il se revendiquait. Ses enfants sont mignons, son épouse assez réservée. Il s'agit, je pense, d'une société encore assez machiste. On nous offre le thé, on regarde également les photos de leur mariage. Très kitsch (sans se moquer) ! Nous prenons congé et prenons la route pour Colombo. La côte est maintenait totalement urbanisée. Des maisons d'une extrême pauvreté entre la voie ferrée et l'océan.

L'entrée dans Colombo est fastidieuse. Nous nous rendons en premier à l'agence Connaissance de Ceylan, qui était le prestataire de service pour la location du véhicule. Nous y récupérons nos billets d'avion. Après un bref tour des quelques monuments officiels, Ananda nous conduit au musée national. Visite rapide de ce vaste bâtiment. La muséographie est très vieillotte et on y trouve toutes sortes de choses, parfois sans intérêt. Cependant, des beaux masques, objets en ivoire, bas reliefs et sculptures, mal mis en valeur hélas. Nous nous arrêtons, comme souvent, dans une gargote, pour acheter quelques victuailles pour notre repas de midi (paratas, poulet, gâteaux). Nous arrivons à l'Holiday Inn, près de la mer. Un peu plus petit que l'Intercontinental dans ses parties communes, la chambre est cependant plus agréable. Confort 4 étoiles. Nous nous reposons un peu, télé pour Armance. Puis partons vers le bord de mer, le Galle face green, vaste pelouse où se retrouve la population de Colombo, le soir et plus particulièrement le week end, pour se promener et manger. Près du green, le galle Face hôtel, le palace colonial le plus connu de Colombo. A côté également, l'hôtel Taj, immense, et beaucoup plus moderne. Au loin, de l'autre côté du Green, le fort, où l'on aperçoit l'Intercontinental. Le temps est redevenu beau. La ballade est assez courte car il n'y a quand même pas grand chose à voir. Nous retournons à l'hôtel et payons une glace à Armance, petit excès autorisé en fin de voyage.

A 19h00, nous avons donné rendez-vous dans le hall à Ananda, pour dîner ensemble. Nous souhaitons d'abord boire un vers au Galle Hôtel, question de tester le lieu. Je pense que tous ses clients doivent l'y amener boire un pot à la fin de leur parcours ! L'endroit est bien sûr assez agréable, salons vastes, de style colonial. Il paraîtrait par contre que les chambres ne soient vraiment plus à la hauteur. 80 F pour quatre consommations. C'est horriblement cher pour le pays. sans doute plusieurs jours de travail pour un ouvrier Sri Lankais. Ananda, par une réflexion détournée, nous en fait la remarque. Nous allons ensuite manger dans une échoppe sur le Green. En ce dimanche soir, l'activité est fébrile. De nombreux stands de restauration sont installés sur la pelouse. Les gens mangent un peu partout sur des tables de fortune. Le contraste est saisissant avec l'ambiance du Galle. C'est très bon enfant dans l'ensemble. Nous prenons du poulet grillé et du pain, arrosé de coca. Après ce repas léger, nous retournons à l'Holiday Inn, pour boire un dernier Arack. Nous en profitons pour donner notre petite enveloppe pourboire à Ananda ; l'équivalent de 400 F en $. Nous souhaitons avoir donné le bon compte - ni trop, ni trop peu. Sachant que le salaire moyen du Sri Lankais est de 500 ou 600 F par mois (dixit Ananda), cette gratification nous semble honorable. Je serais tout de même curieux de savoir la part qui lui revient sur les 1350 F de location hebdomadaire demandés par Nouvelles Frontières, sachant qu'il doit payer l'essence, entretenir et amortir son véhicule. Nous nous quittons vers 22h00. La nuit sera très très courte...

Lundi 23 août : départ pour Paris.

Réveil à deux heures du matin, plan que je déteste... Douche pour se réveiller, Armance a les yeux lourds... A 3h30, nous sommes dans le hall. Ananda, qui couchait chez un cousin en ville arrive avec le minibus. Le trajet pour l'aéroport va durer une petite heure. Bien sûr, peu de circulation à cette heure. Par contre, à l'aéroport, beaucoup de minibus , chargés de touristes, se retrouvent. Nombreux contrôles de polices. Devant le hall de départ, nous prenons congé de Ananda, nos routes se séparent. Queue à l'aéroport pour enregistrer. Problèmes dans le fonctionnement des machines. Nous n'avons pas nos cartes d'embarquement pour Koweit-Paris. Dans l'avion, nous ne sommes pas ensemble, alors que nous l'avions demandé... On s'arrange avec une passagère. Nos télévisions sont toutes en panne. Je m'énerve contre la Koweit...

Après six heures de voyage, où nous somnolons, nous débarquons à Koweit. Après quelques informations contradictoires, nous nous rendons au bureau de transit pour obtenir nos cartes d'embarquement. Les numéros de place laissent présager que nous ne sommes pas encore ensemble. Attente. A la montée dans l'avion, je m'énerve avec une hôtesse, sans me rendre compte que nous sommes installés en business, où les fauteuils sont autrement confortables. Finalement, les problèmes se transforment en avantages et je la met en veilleuse. Le voyage jusqu'à Rome et Paris sera beaucoup plus confortable, même si le service est aussi quelconque qu'en économique. Nous retrouvons dans l'avion une famille, avec deux petites filles, que nous avions vu à l'aller. Nous échangeons nos points de vue. Arrivée fatiguée à Paris. Il est 19h30, soit 2h00 du matin au Sri Lanka. Coup de téléphone dans les Vosges. Nous apprenons que pendant notre voyage, notre entourage s'est bien inquiété, suite à un cas de méningite dans le centre aéré d'Armance après notre départ. Nouvelles Frontières et l'agence Connaissance du Ceylan avaient eu l'information mais n'ont pas fait leur travail. Incroyable, mon père avait faxé à Colombo, avait même reçu une réponse par fax également, et lors de notre visite à l'agence, pas un mot... Heureusement, plus de peur que de mal mais cela aurait pu être catastrophique... Merci, Nouvelles Frontières, toujours aussi léger...

Bon, malgré cet événement final, troublant pour nous, nous revenons globalement satisfait de notre voyage dans ce petit pays, luxuriant, riche en patrimoine et accueillant.

 

-o-O-o-

Fin de notre périple au Sri Lanka

Retour